Emblème culturel du quartier Rosemont-Petite-Patrie depuis 1937, le Cinéma Beaubien a toujours eu une place privilégiée dans le cœur des Montréalais. Mario Fortin, qui dirige l'organisation depuis 2001, nous explique les facteurs de succès de cet OBNL.
« On travaille toujours avec des gens qui sont représentatifs du milieu du cinéma et avec les citoyens qui nous entourent, ceux qui se sont battus pour empêcher la fermeture du cinéma en 2001. Ce sont eux qui font vivre l’organisme! Le respect de la clientèle est donc au cœur de notre structure et de nos décisions. Il faut s’entourer des bons partenaires, autant au niveau du soutien financier que consultatif, ceux qui connaissent bien les facteurs de succès des entreprises d’économie sociale. L’implication directe ou indirecte de ces organismes, comme PME MTL, que ce soit par le financement ou des conseils, est cruciale dans le développement de la structure d’un OBNL. »
La pérennité du Beaubien
Qu’est-ce qui permet d’assurer la pérennité d’un cinéma de quartier à une époque où le financement des institutions culturelles est de plus en plus difficile à obtenir et où les plateformes comme Netflix se multiplient?
Les clubs vidéo ont tous fermé mais nous, on est encore là! Les clients sont toujours là eux aussi.
« On connaît notre clientèle et on la sert bien. On s’assure d’être à l’écoute de ce que les clients veulent voir comme films et d’aller chercher ceux qui répondent à leurs besoins, tout en ayant une offre unique, alliant une ouverture sur le monde et une touche locale. Les clubs vidéo ont tous fermé mais nous, on est encore là! Les clients sont toujours là eux aussi », précise Mario Fortin.
Relever le défi du financement
Les subventions de l’État sont rares dans le milieu de la culture, particulièrement pour les salles de cinéma. Le financement est principalement constitué d’emprunts et de prêts, selon l'homme d'affaires.
« On a réussi à avoir quelques subventions liées à des projets de réparation ou de développement de clientèle, mais pas pour l’agrandissement du cinéma. Ce sont surtout des subventions ponctuelles. C’est difficile d’en avoir parce que tout le monde prédit que le cinéma va mourir demain matin. Il faut avoir un plan d’affaires très solide, mais le problème, c’est que le secteur d’activité n’a pas nécessairement la cote. », renchérit l’entrepreneur.
Un apport considérable qui fait toute la différence
« Tout a commencé en 2001 : l’organisme de développement économique local CDEC Rosemont-Petite-Patrie a été le tout premier à prendre acte de la mobilisation des résidents et des commerçants pour empêcher la fermeture du cinéma. Son directeur général, Jean-François Lalonde, a rapidement organisé les démarches pour la création de l’OBNL. Il est venu me chercher pour alimenter le plan d’affaires, puis ensemble on a rencontré les institutions financières et on a mis le plan en marche pour que ça devienne réalité. Depuis, l’équipe de PME MTL Centre-Est a toujours été présente pour nous accompagner. Quand on avait besoin d’aide, on faisait appel à leurs programmes d’accompagnement et leurs conseils, selon les différentes phases de développement. Même durant les années plus difficiles, on pouvait compter sur eux pour profiter de conseils judicieux. Ça allait au-delà de l’argent. »
Une approche orientée sur la clientèle
Dans le futur, le directeur général du Cinéma Beaubien veut continuer de bien servir ses 240 000 visiteurs annuels en restant à l’écoute et en réinvestissant dans les lieux pour en conserver la qualité et l’ambiance qui plaisent tant à ses amateurs. « On a créé un sentiment d’appartenance auprès du public : le cinéma appartient à ses clients. Toutefois, 240 000 visiteurs par année, ça use la peinture et le tapis, et on veut que les gens continuent à se sentir bien au Cinéma Beaubien. »
Le conseil de Mario Fortin pour les entrepreneurs qui souhaitent fonder une entreprise d’économie sociale
« La clé, c’est de concevoir un plan d’affaires objectif, ouvert et le plus complet possible. À l’époque, le nôtre avait même gagné des prix pour sa qualité, parce qu’on ne s’était pas gêné à mentionner honnêtement les points faibles et les risques qu’on encourait. On avait tout envisagé, et c’est pour ça qu’on a atteint nos objectifs optimistes. On connaissait les pièges, on ne les avait pas cachés aux institutions financières, et ça, c’est en partie grâce aux outils et aux ressources de PME MTL. »
Le Cinéma Beaubien est soutenu par PME MTL Centre-Est.