La gestion des finances d’une PME n’est généralement pas l’activité préférée d’un entrepreneur, mais c’est une activité essentielle à l’opération, à la survie et au succès de l’entreprise.
Il est important de distinguer clairement cette gestion financière de la gestion comptable d’une PME : la première porte principalement sur la gestion des liquidités générées par l’entreprise et, entre autres, utilisées pour payer les coûts de ses opérations alors que la seconde cible principalement la présentation et l’analyse des données financières d’état et de performance de l’entreprise.
Afin de faciliter votre compréhension, le lexique à la fin de ce texte explique certains termes utilisés.
1. Financer des actifs à long terme au moyen d’outils de financement à long terme
Ce principe simple de financement indique que tout actif à long terme devrait être financé par un outil de financement à long terme et, de même, tout actif à court terme devrait être financé par un outil de financement à court terme.
Ainsi, l’achat d’un équipement, par exemple une machine de production, devrait être financé par un prêt à terme et non par le fonds de roulement, à moins que les liquidités soient largement excédentaires, ou, encore moins, par la ligne de crédit, alors qu’un besoin temporaire de financement de comptes clients peut être financé par la ligne de crédit, un outil à court terme de financement.
2. Prudence dans la gestion de la ligne de crédit
En ces temps de taux d’intérêt peu élevés, on encourage souvent les propriétaires de PME à utiliser leur ligne de crédit pour financer toute sorte de choses, incluant le manque à gagner d’une marge brute trop faible et/ou suite à une période de baisse des ventes.
Cette utilisation abusive de la ligne de crédit augmente ce poste comptable qui apparaît au bilan aux éléments de passifs à court terme souvent à un niveau trop élevé pour être remboursé à la fin du mois. En fait, sans s’en rendre compte, on a alors financé l’augmentation de son fonds de roulement, un actif à long terme de l’entreprise, au moyen de sa ligne de crédit à l’encontre du point 1 discuté précédemment.
Petit rappel concernant la ligne de crédit :
- C'est un outil de financement à court terme servant à parer à des besoins de liquidités temporaires, comme le retard de paiements de comptes clients.
- Elle doit être remboursée dès que les besoins temporaires sont comblés, pour être disponible lorsque de futurs besoins temporaires surviendront.
La conséquence immédiate de l’utilisation excessive de la ligne de crédit est qu’on perd ce filet de sécurité financière court terme pour parer à des besoins à court terme.
On doit donc gérer avec prudence ce moyen trop facile de financement, tout comme sa carte de crédit personnelle qui, elle, comporte un taux d’intérêt qu’il est difficile d’oublier.
3. La marge brute paie pour toutes les autres dépenses
Pour une PME dont le volume de vente est généralement plus « faible » (mais préférablement en croissance) que celui de plus grandes entreprises, la gestion de la marge brute est fondamentalement importante puisqu’elle permet de payer toutes les autres dépenses (administration, loyer, professionnels, etc.) de l’entreprise et de lui assurer des profits. Pour les PME, selon le roulement de ses stocks, on recommande généralement une marge brute minimale de 35 à 40 % des revenus de ventes.
4. Choisir entre augmenter le chiffre d’affaires ou la rentabilité de l’entreprise
L’augmentation du chiffre d’affaires entraîne généralement l’augmentation des activités de l’entreprise et donc de ses dépenses de production et autres. Si la marge brute est insuffisante pour couvrir ces autres dépenses à un niveau X du chiffre d’affaires, il n’est pas certain qu’elle puisse les couvrir à un niveau 2X des ventes, d’autant plus qu’une telle augmentation des ventes peut ne pas être possible au moyen des ressources actuelles de l’entreprise.
Dans ce contexte, il est peut-être préférable de mettre plus d’efforts à augmenter la marge brute (et sa marge nette) et donc la rentabilité de l’entreprise en augmentant ses prix et/ou en diminuant ses coûts.
5. Évaluer la capacité d’emprunt d’une PME
Parmi les premiers éléments qu’un prêteur évaluera à la suite d'une demande de prêt se retrouve l’avoir de l’entreprise par rapport à son niveau d’endettement total à la suite de ce prêt. Il calcule alors le rapport (dette totale)/(avoir) qu’on limite généralement à 2 ou 3. En d’autres termes, plus l’avoir de l’entreprise est élevée, plus grande est sa capacité d’emprunt.
La structure financière d’un certain nombre de PME comporte généralement un investissement en capital-actions relativement faible, par exemple 100 $ ou 1 000 $, et un prêt plus important des actionnaires à l’entreprise. Ce prêt est considéré comme de l’équité par les prêteurs et peut être retiré de l’entreprise par les entrepreneurs sans être taxé, préférablement lorsque l'entreprise a du succès.
Par ailleurs, on recommande souvent aux entrepreneurs de minimiser les profits en augmentant certaines dépenses pour minimiser les taxes à payer, et de se payer des dividendes plutôt qu’un salaire puisque les premiers sont moins taxés que le second. Ces recommandations, tout à fait légitimes, ont cependant un effet pervers sur la structure financière de l’entreprise, soit de diminuer les bénéfices non répartis et l’avoir de l’entreprise, et donc de présenter une image de rentabilité à long terme faible et de limiter sa capacité d’emprunt par rapport au rapport D/E mentionné précédemment. Enfin, l’avoir représente entre autres, la valeur de l’entreprise. Une PME à plus haute équité selon son niveau d’endettement a donc une valeur de vente plus élevée.
Lexique
Ce texte a été rédigé en collaboration avec Jean Archambault, directeur général adjoint à PME MTL Ouest-de-l'Île.