Afin de proposer une offre davantage en adéquation avec les demandes des citoyens voisins, Quartier D désire notamment élargir les catégories de commerces qu’on trouve sur le boulevard Décarie. À terme, on souhaite aussi que l’artère se remplisse d’espaces de vie et qu’elle devienne ainsi un lieu de rendez-vous.
Pour plusieurs personnes, le boulevard Décarie est synonyme d’une autoroute souvent achalandée ou embouteillée qu’elles doivent emprunter afin de se déplacer au quotidien. Pourtant le Boulevard Décarie, dans le Vieux Saint-Laurent est une magnifique artère commerciale un peu secrète, qui gagne à être découverte.
Dans le but de changer cette perception et d’en faire une destination, Quartier D, sa société de développement commercial (SDC), est en pleine période de remue-méninges et de planification.
« L’objectif d’une SDC ne se limite pas qu’à attirer des magasins dans des locaux vides, explique Gil Favreau, le nouveau directeur général de Quartier D. Dans notre cas, nous voulons créer un endroit où les gens viendront consommer, certes, mais aussi sortir, manger, boire, assister à des spectacles, etc. »
Afin d’atteindre cet objectif, le nouveau dirigeant mène actuellement une série de rencontres avec diverses parties prenantes de la zone Décarie Nord : établissements scolaires et cégeps environnants, groupes communautaires et OSBL, etc. On cherche ainsi à connaître, bien entendu, leurs besoins, mais également à voir si des collaborations, même ponctuelles, ne pourraient pas en émerger. « Offrir des bourses à des étudiants universitaires en design pour qu’ils prennent en main la mise à jour de commerces, voilà le genre de partenariat que nous pourrions envisager dans ce contexte », indique Gil Favreau.
L’importance du data
Les solutions vont arriver de plusieurs sources, reconnaît par ailleurs ce dernier pour expliquer ses discussions avec des groupes qui, de prime abord, ont peu à voir avec une rue marchande. « Pour en arriver à générer une vitalité à la fois sociale et commerciale, nous devons disposer des données qui nous permettront de prendre des décisions pertinentes et éclairées. En matière d’artère commerciale, on ne peut pas dupliquer un modèle vu ailleurs, puis penser qu’une succursale Starbucks ou Jean Coutu va apparaître comme par magie. »
Pas question non plus de n’appliquer que des mesures esthétiques comme on le ferait pour moderniser une résidence. « Le but n’est pas de concevoir une nouvelle image et de délimiter visuellement notre territoire avec des bannières, mais bien de créer un quartier avec ses espaces de vie et son animation. »
Avec un taux de vacances oscillant autour de 10 %, le boulevard Décarie se situe sur ce plan autour de la moyenne montréalaise. Un de ses enjeux principaux réside plutôt dans la variété au sein du groupe de marchands qui s’y trouvent. « Sur Décarie, on dénombre des commerces de type « service » en forte quantités alors que le commerce de détail est plus discret », indique Sébastien Boirié, directeur, développement commercial, de PME MTL Centre-Ouest.
Tabler sur des atouts propres
Pour le stratège, une telle offre doit être élargie dans le but de répondre aux attentes des résidents du voisinage. « Ce qu’on souhaite éviter, c’est que les gens prennent leur voiture pour aller magasiner en banlieue. Et la solution passe par la diversité commerciale. Par exemple, nous pourrions accueillir une épicerie bio, un fleuriste ou encore un resto de déjeuners plus haut de gamme. »
Décarie désire ainsi se positionner comme un centre commercial linéaire, où l’on peut se retrouver, se divertir et magasiner proche de chez soi.
À ce chapitre, le spécialiste signale certains attributs propres à l’endroit.
Tout d’abord, contrairement aux grands centres commerciaux, dont l’espace appartient à un seul propriétaire, ceux de Décarie, comme plusieurs autres artères commerciales montréalaises, sont possédés par plusieurs propriétaires qui ont souvent un ancrage local, cela aide pour travailler sur des projets novateurs. De plus, c’est une rue où il est relativement facile de se stationner, chose rare. Enfin, parce que ses édifices n’abritent pas de logements familiaux aux étages supérieurs, il serait possible d’y implanter des commerces plus actifs durant la soirée, comme des micro-brasseries ou des pubs.
En septembre 2019, un concours a justement été lancé afin d’attribuer des bourses pouvant s’élever à 25 000 $ pour les commerçants souhaitant s’installer dans le quartier. Cette bourse est aussi disponible pour un marchand existant qui souhaiterait mettre à jour sa boutique. « Nous avons déjà un cadre bâti, ce qui est énorme. À nous maintenant de le rendre vivant et dynamique », conclut Gil Favreau.
La SDC Quartier D travaille en collaboration avec PME MTL Centre-Ouest pour soutenir le développement commercial de Décarie Nord.