L’économie circulaire permet de faire des résidus des uns, les matières premières des autres. Autrement dit, rien ne se perd, tout se transforme. Et si vos déchets avaient une valeur inexploitée?
L’idée première de l’économie circulaire est d’optimiser et de prolonger la durée de vie des ressources déjà extraites. Le but : réduire la pression sur l’environnement, tout en stimulant la création de valeur et d’emplois locaux.
Pour y parvenir, il est possible de déployer diverses stratégies tant en amont, avec l’écoconception par exemple, qu’en aval, avec l’écologie industrielle, le recyclage, le compostage et la valorisation énergétique. Ces quatre dernières approches permettent de donner une nouvelle vie aux ressources composant les produits lorsqu’ils arrivent au terme de leur parcours. Et c’est précisément à cette étape que les déchets peuvent vous rapporter gros, ou à tout le moins, vous faire économiser.
Une facture souvent salée
Car la facture reliée à la gestion des résidus générés par une entreprise est souvent salée. « Pourtant, le coût perçu est loin du coût réel. En effet, on ne pense généralement pas aux frais engendrés par la manipulation, au temps qu’il faudra y consacrer, etc. Au bout du compte, c’est plus cher qu’il n’y paraît, de trois à 100 fois selon les cas », constate Melissa Stoia, directrice – Développement durable et économie circulaire et coordonnatrice – Synergie Montréal, PME MTL Est-de-l’Île.
Elle ajoute que les déchets peuvent aussi provenir d’une sous-maximisation des ressources lors de la production. Des retailles de plastique, de textile ou de métal finissent donc dans la benne à ordures. « Le coût de l’enfouissement à la tonne ne constitue pas non plus un incitatif suffisant pour les entreprises et ne les incite pas à éviter le gaspillage », ajoute-t-elle.
Recycler, reconditionner, revaloriser
Dans ces conditions, que peut-on faire pour récupérer ces sommes dilapidées dans des rebuts? On peut notamment leur donner une deuxième vie en les réemployant ou en les remettant en circulation sous différentes formes. Par exemple en utilisant des résidus de bois pour en faire des panneaux de conglomérés, et au bout de la chaîne, les réduire en paillis. Le recyclage des plastiques est un autre exemple : ainsi, le plastique peut être reconditionné en granulés puis en résine, avant d’être moulé en un nouveau produit. En connectant des industries manufacturières entre elles, la vapeur générée par l’une lors du processus de fabrication peut servir à alimenter l’autre en énergie ou en chaleur.
Les exemples de revalorisation réussie sont légion. Melissa Stoia mentionne en particulier le partenariat noué entre la microbrasserie Les 3 Brasseurs, Still Good et TriCycle. Les grains utilisés dans le processus de brassage de la bière, la drêche, étaient jusqu’ici envoyés au dépotoir. Grâce à un maillage orchestré par Synergie Montréal, ils sont désormais récupérés par Still Good, qui s’en sert pour concocter des collations nourrissantes. Une partie des grains est aussi déshydratée pour produire la farine entrant dans la fabrication des pains à hamburgers qui se retrouveront sur les tables… des 3 Brasseurs! Mais ce n’est pas tout : la drêche, lorsqu’elle est réduite en poudre, sert aussi à nourrir les insectes comestibles élevés par la compagnie TriCycle, des ténébrions. À la toute fin du circuit, les déjections produites par les insectes sont utilisées pour amender des cultures biologiques. Une chaîne de valeur à succès!
Autre belle illustration des possibilités offertes par l’écologie industrielle : la collaboration entre IVC, un fournisseur de matériel audiovisuel qui reçoit ses pièces dans des boîtes de carton, lesquelles sont ensuite récupérées par Papiers et Emballages Arteau, une compagnie qui offre des solutions d’emballages.
Les services aussi peuvent être partagés
Mais il n’y a pas que les résidus ou rebuts qui peuvent être réemployés, les services aussi. Ainsi, Studio Artefact, spécialisé dans le design et la fabrication de décors, emploie de nombreux travailleurs durant sa haute saison, qu’il doit mettre à pied quelques mois plus tard. Grâce à un maillage réalisé avec l’entreprise USD Global, ces employés ont pu être « partagés » durant les périodes creuses, bénéficiant ainsi d’une sécurité d’emploi tout au long de l’année.
Mentionnons également la symbiose entre les Fermes urbaines Ô Plant et Blanc de gris-Champignons frais, qui mutualisent le transport de marchandises. Le maraîcher urbain a en effet intégré un passage chez un fournisseur de Blanc de gris à son parcours de livraison, lequel comprenait déjà un arrêt chez le producteur de champignons. D’une pierre deux coups.
Ces modèles vous inspirent? Synergie Montréal peut vous aider à trouver des partenaires pour valoriser vos déchets ou faire des leurs un intrant pour vos activités. Nos experts ont déjà accompagné plus de 300 entreprises montréalaises dans leurs démarches et offert plus de 1 000 heures de soutien technique et scientifique. Une excellente façon d’entrer dans la boucle de l’économie circulaire.
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