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Démarrer une entreprise d'économie sociale, le défi de Bois Public

Défi d’entrepreneur | 27 juin 2018

D’un simple projet de réinsertion, Ronald Jean-Gilles a créé une entreprise d’économie sociale rappelant les principes de l'économie circulaire. Au cœur de sa démarche : la revalorisation des arbres abattus chaque année par les municipalités. Bienvenue dans l’univers de Bois Public, un OBNL qui doit néanmoins continuer à défricher pour assurer son avenir.

Consultant en développement de partenariats sociaux, M. Jean-Gilles est président de Projets écosociaux, une initiative à travers laquelle il se dévoue à tisser des liens entre les entreprises privées et les entreprises d’économie sociale par la réalisation de projets créatifs, novateurs et socialement responsables.

L’arrondissement de Rosemont- La Petite-Patrie qui cherchait une façon de revaloriser les frênes qu’elle devait abattre, l'a approché. Partout au Québec, l’agrile du frêne, un redoutable coléoptère, décime la population de cette essence d’arbres.

Fonctionner par projets ne suffisait plus.  Pour faire tourner la roue, il fallait fonder une structure. C’est là que l'OBNL Bois Public est né.

Récupérer du bois donné

Dès 2015, l’arrondissement a remis quelque 200 billots de frêne qui allaient permettre à l’organisme Groupe Information Travail de faire travailler des gens en marge d’un projet de réinsertion sociale par le biais de l’ébénisterie. Des bancs publics et des bacs à fleurs ont ainsi été construits, puis installés en 2016 sur la Promenade Masson et dans la Petite-Italie.

Une deuxième phase, cette fois-ci avec les Ateliers d’Antoine dans Mercier-Hochelaga-Maisonneuve, a permis de revaloriser d’autres frênes malades. « Après cette deuxième phase, on a vu qu’il y avait du potentiel. On a frappé à la porte d’autres arrondissements. Ils ont accepté de nous donner leur bois, mais n’avaient pas de gros besoins. On s’est retrouvé avec du bois en trop. »

Disposer de son propre séchoir

C’est là que le déclic s’est fait, rappelle Ronald Jean-Gilles. Fonctionner par projets ne suffisait plus. « Pour faire tourner la roue, il fallait fonder une structure. «C’est là que Bois Public est né, un OBNL dont la mission consiste à contribuer à l’économie circulaire en transformant les arbres publics en mobilier », dit-il.

Malgré ses bonnes intentions, Bois public a rapidement rencontré un obstacle de taille. « On était dépendant d’un séchoir à bois industriel qui priorisait ses gros clients, rappelle-t-il. Il séchait notre bois pour boucher des trous. Ça prenait trois mois avant qu’on puisse récupérer notre bois. Ça n’avait aucun sens. »

La solution, toute simple, a été de faire affaire avec plusieurs séchoirs à la fois. Mais, désireuse de ne plus être tributaire d’autrui, la jeune entreprise d'économie sociale opérera bientôt son propre séchoir. Un modèle fonctionnant à l’énergie solaire, de surcroît.

« On travaille là-dessus avec des étudiants du Collège de Rosemont. Le séchoir sera opérationnel au cours de l'été 2018. Plusieurs cohortes d’étudiants travailleront sur le projet. Ceux qui le construisent et ceux qui feront le suivi pour l’analyse de données, l’entretien, etc »

Bois Public face au syndrome IKEA

L’entrepreneur s’explique mal la réaction de certaines personnes. « Ils sont trop habitués aux IKEA de ce monde. Les organismes à qui on vend du mobilier pensent, parce que le bois nous est donné, qu’on peut vendre au même prix qu’IKEA. On leur explique en détail chaque étape de fabrication pour justifier notre prix. »

Question de faire un clin d’œil à la comparaison entre Bois Public et la multinationale suédoise, Ronald Jean-Gilles offre la possibilité aux acheteurs de faire eux-mêmes l’assemblage du mobilier qu’ils ont acheté. « Au lieu de 1000 $ pour un banc livré clé en main, on va facturer 700 $ et le client fera l’assemblage et la finition lui-même. »

La mission de Bois Public est noble. Peut-être trop ? « C’est rendu un dossier politique, déplore M. Jean-Gilles. Certains arrondissements qui nous donnent du bois veulent avoir leur propre atelier d’ébénisterie sur leur territoire pour avoir un impact local. Dès cet automne, on va se réorganiser en fragmentant notre fabrication.Cela permettra qu’une partie des opérations comme l’assemblage et la finition soit délocalisés. On n’a pas le choix.»

Pour la suite des choses, Bois Public prévoit produire un catalogue. Par ailleurs, la PME de trois employés, dont un technicien en foresterie et une designer, essaie de multiplier les ententes avec d’autres villes et municipalités à l’extérieur de Montréal. Enfin, elle souhaite aussi travailler avec d’autres essences que le frêne.

« Les villes ont toujours coupé des arbres, peu importe l’essence. Il est temps de revaloriser tout ce bois », conclut Ronald Jean-Gilles, lequel demeure actif au sein de son autre entreprise, Projets écosociaux.

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Bois Public est soutenue par PME MTL Centre-Est

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