La croissance d’Effenco est exponentielle depuis les deux dernières années. En 2016, l’entreprise technologique spécialisée dans la réduction de l’impact environnemental des véhicules lourds installait sa technologie dans quatre à cinq véhicules par an. Un an plus tard elle comptait plus d’une centaine d’installations. Pour 2018, l’entreprise prévoit tripler ce chiffre.
C’est un travail de longue haleine qui paye finalement pour le trio qui a cofondé Effenco. Tous issus de l’École de technologie supérieure (ÉTS), et voyant que l’entente et la complicité étaient au rendez-vous, les trois jeunes ingénieurs lancent leur entreprise en 2006 avec pour objectif de réduire l’impact environnemental des véhicules lourds.
Développer la technologie
Effenco convertit son premier camion en 2009, puis court les foires et multiplie les appels téléphoniques pour se faire connaître. Mais la route sera longue.
Benoît Lacroix, cofondateur et vice-président aux ventes et au marketing raconte :
« On avait une belle recette énergétique, se souvient Benoît Lacroix, cofondateur et vice-président aux ventes et au marketing, mais aussi quelques petits problèmes qu’on a réglés avec les années.
« En 2015, on a mis au point une nouvelle génération, et là on s’est dit this is it, ajoute-t-il. Et c’est là que les commandes sont rentrées.
Effenco commercialise le système Start-Stop Active qui coupe le moteur d’un véhicule à l’arrêt tout en maintenant ses équipements fonctionnels grâce à un système de stockage d’électricité. Greffée à un camion à ordures, par exemple, cette technologie permet d’opérer un lève-bac sans l’appui direct du moteur principal du véhicule.
« Avec ça, on réduit de 50 % l’utilisation du moteur et 30 % des émissions de GES, souligne le cofondateur d’Effenco. Au lieu d’électrifier tout le véhicule, on y va là où le système électrique peut faire le travail. »
Pareille technologie ne trouve pas seulement oreille chez les opérateurs de camions de collecte d’ordures, mais aussi chez ceux qui opèrent bétonnières, nacelles, autobus scolaires et camions de livraison.
Intéresser les clients
Pour l’instant, l’entreprise travaille avec les propriétaires de flottes de véhicules pour y installer sa technologie. Effenco a notamment mené un projet pilote avec la Ville de New York en vue du renouvellement de sa flotte de camions de collecte d’ordure.
Les spécifications techniques de la Ville exigent un système Active Stop-Start. Donc, Effenco a soumissionné à tous les manufacturiers de camions qui à leur tour ont soumissionné à la Ville dans le cadre de l'appel d'offres et dans l'espoir d'obtenir le contrat d'approvisionnement de camions. Donc, peu importe qui gagne, Effenco sera en position d'équiper les 1100 camions en jeu.
En multipliant des tests du genre, l’entreprise se fait progressivement un nom. « On construit notre crédibilité à chaque projet, explique M. Lacroix. Et on se rapproche de plus en plus des manufacturiers. »
Parce qu’Effenco ne s’en cache pas. Son objectif à terme, c’est de se positionner comme fournisseur de rang 1 pour les grands manufacturiers de camions, et ainsi voir sa technologie intégrée aux nouvelles fabrications.
Structurer la gestion des ressources humaines
Avant d’en arriver là, Effenco devra d’abord gérer une croissance qui explose justement ces jours-ci.
L’entreprise, qui loge au bord du canal Lachine dans l’arrondissement Sud-Ouest, comptait une quinzaine d’employés en 2017. Elle en dénombrera prochainement 35! D’ailleurs, la PME intègrera un spécialiste des ressources humaines pour atteindre cet objectif.
Mais avant d’en arriver là, Effenco aura déjà opéré une série de transformations, tant au niveau de sa structure organisationnelle et de l’organisation du travail.
« Beaucoup de vieux employés sont devenus cadres et gèrent maintenant des équipes, explique Benoit Lacroix. On travaille aussi de façon plus organisée qu’avant. Ça demande de la discipline de tout le monde. »
Choisir ses projets avec soin
Avec le carnet de commandes qui explose, l’entreprise se permet aussi d’être plus sélective. « Au début, on disait oui à n’importe quoi même si ça nous demandait beaucoup de travail, explique l’ingénieur de formation. Aujourd’hui, on prend les contrats qui sont les mieux alignés avec ce qu’on fait déjà. »
C’est ainsi qu’elle fait progressivement sa place dans le secteur des camions de collecte d’ordure, mais aussi dans celui des tracteurs de terminaux maritimes. « Ce n’est pas le plus gros des marchés, mais c’est tellement pertinent pour eux de transformer leurs flottes qu’on voit un taux d’adoption phénoménal. »
Et n’allez pas penser que le cofondateur d’Effenco est craintif face à toutes ces transformations. « Si on a lancé l’entreprise, c’est pour se rendre jusque-là justement, alors c’est une période très excitante pour nous. »
--
Effenco est soutenue par PME MTL Grand Sud-Ouest