Le financement durable gagne en popularité au Québec alors que les bailleurs de fonds souhaitent voir de plus en plus de résultats mesurables sur le plan de la durabilité. Dans ce contexte, la capacité d’adaptation et la résilience des entreprises d’ici face aux changements climatiques auront un impact important sur leur réussite dans les années à venir.
Avec Joanna Eyquem, directrice générale, infrastructure résiliente au climat du Centre Intact d’adaptation au climat et Daphné Mongeau, chargée de projets – développement durable et économie circulaire – coordination Transition socioécologique à PME MTL Est-de-l’Île, on parle de l’importance pour les entreprises d’entreprendre dès maintenant leur transition résiliente et écologique.
Comprendre sa vulnérabilité, une priorité
Si Joanna Eyquem avait une première recommandation à émettre aux entreprises d’aujourd’hui, ce serait de bien « comprendre leur vulnérabilité face aux changements climatiques et de prendre les mesures pour gérer les risques ».
Elle souligne que, en plus de penser à l’impact de leurs actions sur l’environnement et la biodiversité, les entreprises doivent réfléchir aux répercussions qu’auront — ou ont déjà — les changements climatiques sur leurs affaires.
« Les changements climatiques ce n’est pas juste un enjeu environnemental. On parle de plus en plus d’inondations, de chaleur extrême ou encore de feux de forêt, explique Mme Eyquem, et on voit déjà que ces phénomènes peuvent affecter les entreprises en engendrant par exemple des problèmes dans la chaîne d’approvisionnement, des problèmes de santé et sécurité pour le personnel ou des dommages physiques. »
Selon une étude publiée par l’Université Yale, les perturbations causées par la pandémie de COVID-19 aux chaînes d’approvisionnement n’étaient qu’un présage des bouleversements que réserve l’augmentation du niveau de la mer aux systèmes de transport à travers le monde.
Malgré cela, certaines entreprises peinent à se lancer dans une démarche d’adaptation face aux changements climatiques en raison d’un manque de visibilité sur les résultats tangibles qu’une telle démarche aurait sur leurs finances.
« Le frein auquel se butent encore plusieurs entreprises c’est qu’adapter leurs infrastructures ne génère pas de rendement immédiat. Si tout va bien, rien ne se passe, tout simplement. Pourtant, les coûts qu’elles évitent devraient être perçus comme un rendement. »
Une transition à entreprendre maintenant
C’est dans cette perspective de gestion des externalités négatives que le Centre Intact d’adaptation au climat travaille pour développer des outils permettant d’évaluer les risques climatiques aux entreprises.
Parmi ceux-ci, une matrice de risques climatiques pour six secteurs (Transport et distribution de l’électricité, Immobilier commercial, Banques et prêteurs hypothécaires résidentiels, Assurance de dommages, Production d’hydroélectricité et Production d’électricité éolienne).
Ils permettent aux bailleurs de fonds de savoir quelles questions poser avant d’investir dans différents secteurs et aux entreprises d’identifier les risques qu’elles doivent gérer.
« Il y a certainement un positionnement de plus en plus fort de la part des bailleurs de fonds. Bien que les projets durables puissent encore être utilisés pour créer un avantage concurrentiel, ils sont en train de devenir un impératif pour aller chercher du financement », affirme Daphné Mongeau.
Selon l’experte, l’investissement durable deviendra rapidement la norme au Québec. C’est entre autres pourquoi les entreprises qui souhaitent entamer un virage ont tout intérêt à saisir l’opportunité dès maintenant — avant que les investisseurs passent définitivement au niveau supérieur.
« En ce moment, il y a beaucoup d’accompagnement et d’outils financiers disponibles pour les entreprises qui souhaitent entreprendre leur transition écologique, mais ce qui est important de comprendre, c’est que dans quelques années, le financement ne sera plus axé sur le passage à l’action, mais sur des projets plus poussés de réduction des impacts environnementaux. »
Un écosystème qui appuie la résilience environnementale
Pour les entreprises montréalaises qui ne savent pas par où commencer, une panoplie de ressources sont disponibles, à commencer par le Fonds Écoleader.
L’initiative du gouvernement du Québec, déployée à Montréal par PME MTL Est-de-l’Île, appuie les entreprises qui souhaitent mettre en place des pratiques écoresponsables ou adopter des technologies propres, notamment en finançant l’accompagnement d’une personne experte.
« La première étape à franchir pour une entreprise, c’est d’établir le diagnostic de son empreinte environnementale afin de comprendre où et comment elle peut contribuer à diminuer son impact et ainsi faire partie de la solution d’atténuation des changements climatiques. Généralement, les PME n’ont pas cette expertise à l’interne, alors l’accompagnement devient essentiel », soutient Mme Mongeau.
« Ce qu’il faut retenir c’est que oui, c’est important d’agir pour se démarquer dans le marché, innover et protéger l’environnement, mais c’est aussi que les entreprises qui ne font rien subiront elles-mêmes les contrecoups de leur inaction. »
Principales ressources québécoises en accompagnement et financement durable :
– Dossier Financer son virage vert
– Fonds Écoleader
– La Ruche
– Fondaction
– Hydro-Québec
– Investissement Québec
– Synergie Montréal
– L’Esplanade
– Recyc-Québec