Jean-Philippe Vermette est directeur interventions et politiques publiques au Laboratoire sur l’agriculture urbaine, l’un des membres fondateurs de La Centrale Agricole, le premier incubateur de projets dédié à l’agriculture urbaine à Montréal. Coopérative unique en son genre, elle regroupe actuellement une douzaine de producteurs agricoles. Ils ont ensemble élu domicile en 2019 sur la rue Legendre Ouest, en plein cœur du quartier Chabanel, un coin de Montréal qui est plutôt connu pour ses manufactures de vêtements.
Une production en synergie
« On était un groupe de producteurs à chercher ensemble non pas un champ, mais bien un bâtiment, pour y faire pousser différentes choses, explique Jean-Philippe. Plusieurs propriétaires sont apeurés par une telle activité entre leurs murs, ne comprenant pas bien les implications de l'agriculture urbaine. Ces gens ne font pas la différence entre pleurotes et moisissures, ou entre criquets et coquerelles. Mais on a finalement trouvé ce bâtiment solide presque vacant du secteur Chabanel et ça a fonctionné, le propriétaire étant ouvert d’esprit et réceptif à notre projet. »
Ensemble, nous formons une coopérative qui permet à des producteurs, mais également à d’autres acteurs de l’industrie alimentaire, de trouver des locaux abordables et adéquats pour la pratique de l’agriculture urbaine.
Il faut dire que les fermes LUFA sont déjà établies non loin de là. L’idée d’une concentration de producteurs agricoles regroupés dans un même quartier est sensée, puisqu’ils développent ensemble un écosystème. Cette synergie existe aussi à plus petite échelle entre les membres du réseau qu’est La Centrale Agricole. « Ensemble, nous formons une coopérative qui permet à des producteurs, mais également à d’autres acteurs de l’industrie alimentaire, de trouver des locaux abordables et adéquats pour la pratique de l’agriculture urbaine. Et au-delà de ces espaces qu’on rend disponibles, on a aussi des infrastructures collectives. Plutôt que chacun ait sa chambre froide, sa cuisine de transformation, sa salle de réunion, on partage tout ça », explique Jean-Philippe.
Un concept singulier
À La Centrale Agricole, il y a toutes sortes d’espèces vivantes qui se reproduisent et croissent abondamment. Des champignons, des insectes, des poissons, des fines herbes et bien d’autres choses encore. Ce sont 10 000 pieds carrés sur le toit et 40 000 pieds carrés sur divers étages du bâtiment que les membres occupent actuellement.
Aussi présomptueux que ça puisse paraître, c’est vraisemblablement le plus grand projet urbain de ce type au monde.
La croissance ne devrait pas s’arrêter pas là : l’équipe espère grossir et rassembler trente producteurs membres d’ici 2024.
Cette croissance a une réelle utilité. À La Centrale Agricole, le nombre fait la force, car l’économie circulaire est au cœur du fonctionnement. Chaque acteur peut faire bénéficier un autre joueur de ses activités. Par exemple, un excédent d’insectes peut être utilisé pour nourrir des poissons. Les excréments de ces poissons peuvent ensuite servir de fertilisant naturel pour enrichir la terre des plantes. Et ainsi de suite. Enfin, la coopérative est en voie d’acquérir un composteur industriel au sous-sol pour devenir un bâtiment zéro déchet.
L’apport de PME MTL au projet
« Les conseillers de PME MTL Centre-Ouest se sont montrés hyper motivés par le projet dès le début, raconte Jean-Philippe. Avec les fermes LUFA qui étaient déjà dans le secteur, PME MTL a reconnu le potentiel de faire de ce quartier celui de l’agriculture urbaine dans notre métropole. Ils accompagnent La Centrale Agricole, ainsi que les entreprises respectives de nos membres, et ce, tant stratégiquement que financièrement grâce au fonds d’économie sociale qu’ils gèrent. »
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La Centrale Agricole est soutenue par PME MTL Centre-Ouest.