Produire des légumes biologiques tout au long de l’année et avoir un impact social dans un quartier défavorisé : voilà le défi qu’ont réussi à relever les Serres du dos blanc, situées en plein cœur de Saint-Laurent.
Il est rare de voir des installations de production de légumes dans des zones urbaines très denses. Et pourtant, la serriculture a fait son apparition sur une portion de terrain appartenant au Cégep Saint-Laurent, partenaire important des Serres du dos blanc. « Nous avons maintenant cinq serres dont une qui permettra de cultiver des légumes toute l’année », se réjouit Issiaka Sanou, le directeur général de la Coopérative de solidarité des Serres du dos blanc, une entreprise d’économie sociale de production de légumes biologiques en serre.
Cet organisme veut permettre à une clientèle urbaine de proximité, à des organismes d’économie sociale et à la communauté avoisinante, d’avoir un accès direct et constant à des légumes biologiques de qualité, comme des tomates, des poivrons, des aubergines, des courgettes et plusieurs autres. Un apport qui fait toute une différence dans un secteur qui a longtemps été délaissé.
Résoudre des enjeux de société
Les Serres du dos blanc s’inscrivent dans le Plan de revitalisation urbaine intégrée de la place Benoit, dans l’arrondissement Saint-Laurent. Cette démarche concertée de lutte contre la pauvreté vise spécifiquement cette zone enclavée, coincée entre la voie ferrée et l’autoroute Métropolitaine.
« Notre structure de coopérative nous permet à la fois d’être rentables économiquement tout en ayant un impact social. Seul un modèle d’économie sociale nous permettait d’atteindre ce but », indique Issiaka Sanou.
Car les Serres du dos blanc font bien davantage que de mettre des légumes frais sur les tables. En plus de vendre à des restaurateurs, des épiceries et des particuliers, il donne aussi ses surplus à des organismes et banques alimentaires du quartier et permet à des jeunes de s’initier au travail agricole. Elles offrent aussi un plateau de formation en collaboration avec certains partenaires comme le Cégep Saint-Laurent et l’Institut national d’agriculture biologique du Cégep de Victoriaville.
« Notre but est de créer un milieu de vie, un endroit où les gens pourront se rencontrer, tout en tentant de résoudre divers enjeux de société notamment en termes de santé, de formation, d’intégration sociale et en emploi », détaille Issiaka Sanou.
Il souligne toutefois que la coopérative fait face à un grand défi : celui de son entité juridique et de sa reconnaissance en tant qu’entreprise agricole urbaine auprès de la Financière agricole du Québec, ce qui rend difficile l’obtention de financement auprès d’elle. « Pour mettre en œuvre nos projets d’agrandissement et de croissance, nous devons donc avoir recours au capital de risque, des fonds dont les taux d’intérêt sont plus élevés que ceux consentis par la Financière agricole », déplore-t-il.
Il conseille d’ailleurs, avant de se lancer en affaires, de bien réfléchir à la forme juridique de l’entreprise et aux conséquences potentielles que cela pourra entraîner à différents niveaux. « Il est important de bien mailler l’entité juridique avec les sources de financement », recommande-t-il.
Les Serres du dos blanc ont reçu l’accompagnement des experts en économie sociale de PME MTL dès 2018, lorsque Les Serres du Dos Blanc étaient à la recherche de leurs premiers financements. En tant que catalyseur, les équipes de PME MTL Centre-Ouest ont mis en relation les différents acteurs financiers en économie sociale et coordonné le projet afin d’obtenir les financements nécessaires. Véritable partenaire d’affaires, Sandrine Cohen, Directrice services-conseils et financement en économie sociale, maintient un lien constant avec Issiaka Sanou, ce qui lui permet d’être proactive lorsque l’entreprise fait face à des imprévus pour trouver des solutions et faire les liens avec les bons partenaires.