Dans un souci d’économie circulaire et de meilleure gestion des matières lors de ses travaux, l’entreprise a mis au point un système qui restaure les vieilles briques au lieu de bêtement les remplacer par des nouvelles.
Saviez-vous que la rénovation d’un mur de 1000 pieds carrés à Montréal génère des émissions de 5,8 tonnes gaz à effet de serre (GES), principalement en raison du transport (à 59 %) et de la fabrication des briques neuves (à 25 %)?
Troublé par un tel constat, Tommy Bouillon, président de Maçonnerie Gratton, s’est investi depuis les deux dernières années dans une mission d’affaires combinant l’innovation, les technologies et l’environnement. Son but? Implanter un processus de nettoyage et de réutilisation des briques qui limiterait la production de neuves et le recours à celles-ci.
C’est que, de manière générale, lorsque des travaux de maçonnerie s’avèrent nécessaires, la brique est encore bonne. C’est plutôt l’ancrage de métal, à l’arrière, qui doit être changé. La brique d’origine présente aussi l’avantage de bien résister aux cycles de gels-dégels de notre climat.
« Plusieurs entreprises de maçonnerie ont tenté des expériences visant à récupérer les vieilles briques au lieu de les jeter, indique le dirigeant. Cependant, elles ont renoncé, car toutes les opérations étaient exécutées de façon manuelle, ce qui nécessitait beaucoup de temps. Par conséquent, cela rendait l’exercice non rentable. »
Des gains sur plusieurs plans
Pour remédier à cet enjeu majeur, Maçonnerie Gratton propose une approche mécanisée beaucoup plus rapide. En effet, au bout d’un vaste exercice de recherche et développement, son équipe a mis au point un appareil mobile qui nettoie les briques et les remet ainsi à neuf.
À titre comparatif, un chantier qui nécessiterait normalement 760 heures de travail pour le remplacement complet des briques en prendrait 600 si on les nettoyait et les replaçait à la main. Avec la méthode de Maçonnerie Gratton, cette durée tombe à 440 heures.
Notre innovation permet de conserver des matériaux d’origine et, ainsi, une partie de notre patrimoine urbain.
On y gagne donc sur le plan du rendement, mais aussi du côté environnemental. Non seulement on évite le remplacement des briques, mais celles-ci demeurent sur place au lieu d’être envoyées dans un site d’enfouissement ou même d’être nettoyées ailleurs dans une optique de réutilisation. Ici, tout se déroule sur le chantier, et aucune saleté n’est produite puisque l’opération est entièrement réalisée sans percussion, dans l’appareil.
« Quand on commande un lot de briques pour un ouvrage quelconque, on doit toujours en prévoir un certain pourcentage de plus en réserve, explique Tommy Bouillon. Par conséquent, il faut systématiquement en jeter plusieurs qui n’auront même pas servi. » On ne s’étonne donc pas que les débris de construction résidentiels soient à l’origine de 41 % des déchets dans les sites d’enfouissement.
De plus, les nettoyages manuels ou à air compressé exigent de la percussion à plusieurs reprises sur les briques, le recours à des marteaux ou encore à des outils à air comprimé. En plus d’être bruyante, une telle méthode pose de multiples problèmes : augmentation des pertes matérielles, émission importante de poussière et gestes répétitifs pour les ouvriers.
Nouvelle source de revenus
Sur le plan des affaires, investir dans l’élaboration d’une méthode mécanique s’avère un pari gagnant pour l’entreprise, car elle peut ainsi remplir davantage de mandats. Spécialisée en maçonnerie résidentielle, celle-ci exécute chaque année plus de 600 travaux. Cela fait d’elle le principal joueur dans ce créneau au Québec, malgré son jeune âge (elle a été fondée en 2007).
En plus, puisque son processus est sur le point d’être breveté, l’organisation pourra bientôt l’offrir commercialement à d’autres joueurs de son industrie n’importe où dans le monde.
Selon nos recherches, aucune approche n’est aussi avancée que la nôtre, révèle Tommy Bouillon. Cela laisse présager de belles perspectives et un marché curieux d’en savoir plus sur notre solution.
En attendant, Maçonnerie Gratton prévoit le déploiement d’une dizaine de machines du genre sur ses différents chantiers dès 2022. « Au-delà des aspects économiques et écologiques, je suis très fier que notre innovation permette de conserver des matériaux d’origine et, ainsi, une partie de notre patrimoine. »
Comment PME MTL a fait la différence pour Maçonnerie Gratton
Grâce à la force du réseau PME MTL, les services spécialisés en économie circulaire de Synergie Montréal ont été proposés à Maçonnerie Gratton pour des aspects à la fois techniques et stratégiques.
- Technique : Afin de quantifier les gains environnementaux et économiques inhérents à son modèle d’affaires axé sur le réemploi;
- Stratégique : Approche de partenaires pouvant être mobilisés autour du projet et conseils sur la vulgarisation de l’information dans des termes liés à l’économie circulaire.
PME MTL a aussi accompagné l’entreprise pour la certification Écocert, avec un plan d'action complet en plusieurs axes et une charte pour le développement durable, dans le cadre du parcours Développement durable de la Ville de Montréal.
« Jamais ce projet n’aurait pu fonctionner sans PME MTL. De fait, lors de périodes de découragement, comme quand la pandémie a frappé, son équipe m’a permis de persévérer, car tout s’est alors mis à aller très vite. Ses spécialistes nous ont fourni des compétences énormes loin de celles que nous utilisons au quotidien. Études scientifiques, rapports d’expertises, mise en contact avec des ressources externes, etc., ils nous ont procuré énormément d’aide très concrète. »
Maçonnerie Gratton est soutenue par PME MTL Grand Sud-Ouest et par Synergie Montréal.
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En vidéo
Melissa Stoia, directrice, Développement durable et économie circulaire et coordonnatrice pour Synergie Montréal, fait le point sur les gains environnementaux, économiques et sociétaux générés par le projet de Maçonnerie Gratton, dans cette vidéo réalisée par l'entreprise.