Avant la crise sanitaire, le réseautage rimait avec dîner-conférences, cocktails ou salons d’affaires, autant d’activités qui ont disparu du calendrier quand le coronavirus s’est invité dans nos vies. Après avoir été limités aux contacts virtuels, c’est maintenant le retour des événements en personne. Comment réseauter dans un monde post-COVID-19 ? Faut-il reprendre là où on a laissé ou changer son approche ? Conseils.
En fait, si certaines pratiques restent, il faudra aussi réseauter différemment, selon Lise Cardinal, autrice du livre à succès Comment bâtir un réseau de contacts solide, qui a été traduit en plusieurs langues. « On se doit d’adopter de nouvelles manières de faire des affaires ou d’obtenir de l’information utile, affirme celle qui est aussi conférencière internationale. Il faut dorénavant s’appliquer à développer sa chimie sociale. »
La magie du lien émotionnel
C’est quoi, la chimie sociale ? C’est la nouvelle tendance qui, selon différents experts, devrait définir le futur du réseautage. Un concept élaboré par Marissa King, professeure à l’Université Yale et auteure de Social Chemistry: Decoding the Patterns of Human Connection. Depuis 15 ans, elle étudie comment évoluent les réseaux d’affaires et pourquoi ils sont si importants.
« Ce n’est plus tant la taille du réseau qui compte, mais la qualité des relations qu’on y entretient, explique Lise Cardinal. Un réseau bien structuré nourrit les idées, permet de partager les connaissances et les ressources. Pour cela, il faut se voir, se parler. Dans ce contexte, plutôt que d’amener nos contacts à un match de hockey, par exemple, on va privilégier un endroit qui favorise les échanges, de façon à ce que les personnes puissent apprendre à se connaître mutuellement. »
Il s’agit de s’informer d’abord sur la personne plutôt que sur son entreprise, de façon à créer un lien émotionnel. « Il faut toujours se rappeler qu’on achète la personne avant son service, ajoute Lise Cardinal. De plus, la pandémie a démontré l’importance d’avoir un réseau. Ceux qui en avaient un ont moins souffert autant personnellement que professionnellement, parce qu’ils avaient des gens vers qui se tourner en cas de besoin. L’entraide est aujourd’hui plus prisée que les références. »
Les besoins restent, les moyens évoluent
À l’ère de la distanciation sociale, le réseautage a dû se réinventer avec les rencontres virtuelles. Ces dernières ne disparaîtront pas forcément avec le temps, croit Dave Cameron, conseiller formateur en développement des affaires et en réseautage.
« Comme le télétravail, il est fort probable que le réseautage se fasse en mode hybride à l’avenir, prévoit-il. Le virtuel a l’avantage de gruger moins de temps en déplacement. Il a aussi permis d’élargir notre réseau. Les gens en dehors des grands centres ont accès à des événements auxquels ils n’auraient pu assister autrement. Se faire de nouveaux contacts à l’étranger n’a jamais été aussi facile. »
Pour être sûr de ne rien manquer, Dave Cameron a pris l’habitude d’enregistrer les rencontres par visioconférence. « On peut alors consulter les commentaires écrits que l’on n’a peut-être pas eu le temps de voir. On a aussi accès à la liste des participants. Cela facilite les suivis avec les personnes ciblées », souligne-t-il.
En mode virtuel, il faut aussi se présenter sous son meilleur jour. Utiliser un équipement performant (caméra et micro), se montrer dans un décor agréable et transmettre une image professionnelle sont des prérequis essentiels. « Au début de la pandémie, on était indulgent parce qu’on était tous en mode apprentissage. Aujourd’hui, il faut soigner sa présentation si l’on veut favoriser une bonne communication », conseille pour sa part Annie Bienvenue, coach en communication verbale et non verbale.
Se voir en chair et en os
Les événements en ligne doivent toutefois mener à des rencontres en personne, estime-t-elle. Mais rien n’interdit d’y aller par étapes. « Avant de se voir, on peut proposer un café virtuel qui a l’avantage de se placer facilement dans l’agenda, suggère Annie Bienvenue. C’est aussi une façon d’apprendre à se connaître davantage et d’évaluer si l’intérêt est réellement mutuel. »
Le secret des rencontres réussies réside dans la préparation, selon Dave Cameron : « Avant de partir, je prends le temps de faire une liste de sujets que je pourrais aborder avec la ou les personnes que je vais rencontrer. Ce peut être le dernier film que j’ai vu, un événement qui m’a particulièrement intéressé, une réalisation, etc. Cela permet d’alimenter la conversation. Je me fixe également un objectif. Par exemple, faire connaissance avec trois personnes ou trouver un collaborateur pour un projet. »
Avec le réseautage en mode hybride, on devient plus sélectif dans le choix des événements où l’on se rend en personne, remarque Dave Cameron. « Il y en a qui seront incontournables, et on se fera une fête d’y assister ! »