S'adapter à son marché : défi relevé pour Local Logic

Défi d’entrepreneur | 29 août 2018

Local Logic, c’est l’histoire d’urbanistes qui veulent rendre les données sur les villes accessibles et utiles aux citoyens. Après deux pivots, ils ont trouvé leur positionnement et leur marché : ils offrent des informations de géolocalisation aux courtiers immobiliers pour aider leurs clients à trouver la propriété la plus adaptée à leurs besoins.

Tout est né d’un constat : « Les données pour comprendre la ville sont très nombreuses mais elles sont aussi complexes et difficiles à utiliser », résume Gabriel Damant-Sirois, 35 ans, cofondateur et chef de produit à Local Logic. Avec deux amis urbanistes comme lui, il a créé Local Logic en 2014 dans le but de créer des outils permettant d’interpréter ces données et de les rendre accessibles à des personnes qui pourraient en avoir l’utilité.

Ténacité et adaptation, deux des ingrédients qui leur ont permis de trouver le produit adapté aux besoins et au marché.

Première idée : mettre au point un algorithme pour aider les acheteurs de biens immobiliers à trouver le meilleur emplacement en fonction de leurs critères (quartier calme ou au contraire animé, proximité des transports, des écoles et des parcs, des commerces, etc.). Ils ont créé leur site web Home Score dans ce but. « Mais on s’est rendu compte que la loi encadre très strictement le droit d’afficher des propriétés à vendre », se souvient Gabriel Damant-Sirois. L’équipe a alors dû changer de projet.

Rapidement, les trois urbanistes constatent que dans le domaine du voyage, les recherches d’adresses locales sont fréquentes. « On s’est alors concentré sur ce segment de marché », poursuit-il. Avec Nexmoov, « on agrégeait toute l’offre d’hébergement de courte durée dans une ville. Selon l’expérience que les voyageurs voulaient vivre, on les conseillait sur les meilleurs endroits pour choisir leur hébergement ». Là encore, l’idée était bonne mais un obstacle s’est placé devant l’équipe de jeunes entrepreneurs. « On se battait contre des grands comme Expedia et autres pour avoir du trafic sur notre site », se rappelle l’urbaniste.

Le succès après le deuxième pivot du B2C au B2B

S’en est suivie une grande réflexion. « On a réalisé qu’on devait se concentrer sur nos forces que sont les données géospatiales, l’urbanisme, l’informatique, pas le marketing », résume Gabriel Damant-Sirois. Le groupe n’a pas jeté l’éponge : il a fait un deuxième pivot. Les fondateurs sont revenus à leur première idée mais comme ils ne pouvaient pas afficher eux-mêmes les propriétés en vente, ils ont décidé de vendre leurs données à des sites de courtiers immobiliers. C’est leur modèle d’affaires depuis 2016, où un quatrième associé, un informaticien, les a rejoints dans l’équipe. Et ça fonctionne !

C’est sûr que de passer d’un modèle B2C à du B2B leur a demandé de l’adaptation. Mais le succès a été rapide. Ils ont réussi à faire une première ronde de financement qui a permis de lever 1,3 million de dollars, puis une deuxième récemment pour un million supplémentaire. Leurs services sont disponibles au Canada, où ils travaillent avec les grandes agences immobilières, et ils commencent à avoir des clients aux États-Unis. Plus de 80% de leur chiffre d’affaires est lié à des ventes à l’extérieur du Québec. Local Logic compte une quinzaine d’employés.

Quand ils regardent en arrière, même s’ils ne regrettent rien car ils ont appris de chaque étape qu’ils ont traversée, ils tirent quand même des enseignements de leur expérience et ne referaient peut-être pas tout de la même façon aujourd’hui. « On a beaucoup pensé au produit sans valider le marché au préalable ni bien construire le modèle d’affaires. C’est une erreur. On a perdu du temps », reconnaît aujourd’hui Gabriel Damant-Sirois. La problématique qu’ils avaient identifiée était pourtant tout à fait pertinente mais les premiers moyens pensés pour la résoudre n’étaient pas adaptés.

Un parcours nécessaire pour apprendre

Leurs forces ont été leur capacité de se rendre compte des mauvais pas et d’effectuer des pivots. Ce qui les a aidés, c’est d’avoir su s’entourer de personnes et d’organismes qui n’ont pas hésité à les « challenger ». Le déclic pour le deuxième pivot est d’ailleurs né d’une de ces rencontres. « On avait déposé notre candidature pour Innocité mais le jury trouvait dangereux qu’on se mesure à des Airbnb, raconte Gabriel Damant-Sirois. On a compris qu’on devait rester dans nos forces. Or, on connaissait mieux le milieu de l’immobilier que celui du voyage. » D’où le deuxième pivot.

Il est vital de s’entourer de personnes et d’organismes qui n’hésitent pas à nous « challenger » !

Tout ce parcours demande « beaucoup de persévérance et d’humilité, souligne l’entrepreneur. Il faut écouter, prendre la critique même si c’est dur à accepter et ne pas abandonner ». Pas toujours facile quand on doit continuer d’avoir un emploi de subsistance en attendant que l’entreprise fonctionne suffisamment pour faire vivre les associés. « On travaillait à temps partiel environ 25h par semaine et on mettait 55 heures dans l'entreprise », se remémore-t-il.

Forts de cette expérience, les fondateurs de Local Logic imaginent maintenant l’avenir. Ils se concentrent sur la pénétration du marché américain avant de « chercher une autre verticale qui permettrait de monétiser nos données auprès d’autres types de clients : institutions financières, centres de recherche », explique le chef de produit.

Ténacité, capacité de douter, de se remettre en cause, de s’entourer et de toujours s'adapter, voici quelques uns des ingrédients qui ont permis aux fondateurs de Local Logic de réussir à trouver le produit adapté aux besoins et leur marché.

--

Local Logic est soutenu par PME MTL Centre-Ville.

Recevez nos contenus exclusifs par courriel