Blanc de gris, une leçon de persévérance

Défi d’entrepreneur | 17 juillet 2017

Lysiane Roy-Maheu, présidente et cofondatrice de Blanc de gris, une champignonnière urbaine spécialisée dans la culture de pleurotes, a connu son lot d’embûches depuis la création de sa PME. Malgré tout, la femme d’affaires n’a pas dérogé à son plan initial. Résultat : elle récolte enfin le fruit de ses efforts et se met à rêver à de grandes choses pour son entreprise.

1. Quels sont vos principaux défis en ce moment ?

« Cultiver des pleurotes à l’intérieur, en milieu urbain, est quelque chose de difficile. Même après deux ans d’activités, on doit sans cesse améliorer nos méthodes de culture. On fait constamment de la recherche et développement. Nos champignons poussent en serres sur du marc de café et des résidus de microbrasseries. Or, faire de la R-D, ça prend du temps et de l’argent. C’est beaucoup d’essais-erreurs. On a toujours su que ça avait du potentiel, car des champignons de culture, il y en a très peu au Québec. Les restaurateurs sont tombés en amour avec nos produits. Notre production est de 200 kg par semaine. Ça va donc bien en ce moment. »

On jongle avec l’idée d’ouvrir des franchises ou des succursales qui desserviraient des marchés locaux. Même si c’est très alléchant, on n’est pas encore rendu là. Il ne faut pas sauter d’étapes. 

2. Quel est le secret de votre réussite?

« La persévérance et la résilience. De ne pas se plaindre et de demeurer optimiste. Ça fait deux ans qu’on ne se paie pas de salaire. Les créanciers passent avant nous. On le savait que ça allait être difficile, mais peut-être pas tant que ça. J’ai investi de mon propre argent. Mes parents m’ont prêté du Love Money qu’ils ont puisé à même leur retraite. Ma partenaire, Dominique Lynch-Gauthier a, elle aussi, réhypothéqué sa maison. Ça fait quelques centaines de milliers de dollars qu’on met dans l’entreprise. On l’a fait parce qu’on savait que ça finirait par bien aller. Et c’est le cas. On ne peut pas lâcher comme ça après avoir surmonté autant d’obstacles. Jusqu’à l’an dernier, je travaillais de jour dans mon entreprise et le soir j’étais serveuse. J'ai compris que ma santé était plus importante et j'ai quitté mon emploi. »

« Être bien entourée est le meilleur conseil que j'ai reçu. Avoir de bons partenaires d’affaires, avoir la chance de choisir mes clients est pour moi un privilège. Quand l’entreprise aura suffisamment grandi, j’aimerais avoir un comité aviseur pour me faire challenger. »

Lysiane Roy-Maheu et Dominique Lynch-Gauthier, cofondatrices de Blanc de gris

3. Où en est l’entreprise actuellement ? Quelles leçons retenez-vous de votre parcours ?

« On a maintenant 30 clients réguliers. Pour les périodes où notre production dépasse nos besoins, on vient de trouver un sous-traitant qui fait de la déshydratation de champignons. Ça ouvre de nouvelles possibilités. Même si les médias ont beaucoup parlé de nous et que des gens de partout dans le monde nous appellent pour qu’on les aide à démarrer des champignonnières, on reste focalisées sur notre production. On va continuer à faire une production locale pour desservir Montréal. On devrait embaucher un premier employé cet été. On jongle avec l’idée d’ouvrir des franchises ou des succursales qui desserviraient des marchés locaux. Même si c’est très alléchant, on n’est pas encore rendu là. Il ne faut pas sauter d’étapes. Il faut produire et vendre et surtout maîtriser à la perfection nos méthodes de culture. Je pense qu’on a commencé trop gros, qu’on visait trop haut. J’ai appris de ça. Oui, ça m’inquiète d’avoir des dettes, mais pas tant que ça. En affaires, il faut être capable de se jeter dans le vide. »

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