Deux jeunes étudiants viennent de mettre sur pied un modèle collaboratif de transport autour d’une application mobile et de la technologie de la chaîne de blocs. Leur entreprise, la coopérative Eva, sera lancée ce printemps, propulsée en partie grâce à l’aide de PME MTL.
Le 11 janvier dernier, le gouvernement du Québec a autorisé la coopérative de taxi Eva, à lancer son service à Montréal, Québec et Gatineau. Il s’agit de la deuxième application de covoiturage réglementée ici. Le ministre québécois des Transports a même qualifié le modèle d’affaires d’Eva d’impressionnant.
Les fondateurs d’Eva, Dardan Isufi et Raphaël Gaudreault, ne définissent toutefois pas leur concept comme l’unique solution aux enjeux de mobilité urbaine. Ils le positionnent davantage comme un élément faisant partie d’un ensemble. « En matière de mobilité, il existe plusieurs solutions à plusieurs problèmes », lance Dardan Isufi.
Signe de cette volonté de partage, les deux initiateurs d’Eva ont favorisé un modèle d’affaires qui repose sur le mode coopératif, car celui-ci « assure une gouvernance locale démocratique ».
Localiser l’économie selon Eva
Le principe de base d’Eva est semblable à celui du géant américain Uber, c’est-à-dire que les passagers s’inscrivent d’abord comme membres, puis utilisent le service par l’entremise d’une application mobile. Différence majeure : comme Eva fonctionne sous un mode coopératif, ses revenus ne quittent pas le Québec. Dardan Isufi emploie l’expression « localiser l’économie » pour illustrer la démarcation entre les deux services.
Une organisation telle qu’Uber agrège l’économie, juge-t-il, car son siège social conserve 25 % des revenus d’une course, puis transfère le tout dans des pays où elle jouit d’avantages fiscaux.
En matière de mobilité, il existe plusieurs solutions à plusieurs problèmes
Lien différent avec les utilisateurs
La chaîne de blocs est au cœur du modèle d’Eva. Il s’agit d’un registre numérique de transactions décentralisé qui permet de stocker des renseignements de façon sécuritaire, puis de les transférer sans intermédiaire. De cette manière, la sécurité et la confidentialité des membres sont garanties. Au lieu de recourir à un serveur centralisé, la chaîne de blocs décentralise les données confidentielles, auxquelles même Eva n’accède pas. L’information ne circule ainsi qu’entre le passager et le chauffeur. Pas question, donc, de la vendre à des sources intéressées. « Chez nous, les gens ne deviennent pas un produit qu’on vend, indique le duo d’entrepreneurs. Nous ne pouvons pas marchander les données puisque notre technologie ne nous le permet pas. Nos relations ne reposent pas sur un rapport fournisseur et client, mais bien sur un rapport entre membres. »
Eva entend aussi déployer des coopératives locales dans des territoires géographiques déterminés, lesquels bénéficieront des fruits de l’organisation. Ainsi, alors qu’Uber retient le quart d’une commission pour chaque course, Eva n’en conservera que 15 %. Les deux tiers de cette somme seront versés auxdites coopératives locales. L’entreprise en gardera 1 %, alors que les 4 % restants seront déposés dans un fonds commun offrant une récompense collective à tous les membres de la coopérative.
Une aide sur tous les plans
Dardan Isufi se montre fort élogieux quand il commente l’apport considérable des spécialistes de l’équipe d’économie sociale de PME MTL à la naissance d’Eva. « Ils ont répondu à toutes nos questions, qu’il s’agisse du plan d’affaires, du financement, des technologies et de l’écosystème dans lequel on souhaitait s’implanter. Tant au chapitre monétaire que de la gestion au quotidien, PME MTL nous a guidés et permis de bien nous situer dans un cadre d’économie collaborative. »
Au début d’avril, 5000 membres passagers avaient téléchargé l’application mobile afin de l’employer éventuellement, alors que 300 autres membres souhaitaient y recourir dans le but d’offrir le transport.
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Eva Coop est soutenue par PME MTL Centre-Ville.