Elle a patiemment acquis une expérience en béton avant de fonder son entreprise de prêt-à-porter Betina Lou. En affaires depuis sept ans, Marie-Eve Emond cultive non seulement le succès, mais aussi le respect, l’achat local et la transparence. Six questions à une adepte du slow fashion.
1. Le Granny test : si vous aviez à expliquer à votre grand-mère ce que fait votre entreprise, comment lui diriez-vous?
« Ce ne serait pas compliqué, car c’est grâce à elle si je suis dans le secteur du vêtement. Chez Betina Lou, on dessine, fabrique et vend du prêt-à-porter pour hommes et femmes dans notre atelier-boutique et chez une vingtaine de détaillants au Canada, aux États-Unis et à Hong Kong. Nos vêtements sont faits à Montréal. On favorise les produits locaux. On est pour la transparence. On est une forme de slow fashion. On utilise des matières de qualité, naturelles. Nos vêtements sont faciles à agencer. On s’inspire des grands classiques pour nos collections Betina Lou (femmes) et Marmier (hommes). On offre du haut de gamme à un prix moyen de gamme. »
Une deuxième boutique ? Pourquoi pas. Je veux que ça reste à échelle humaine. Je n’ai pas d’idées de grandeur. Je veux un équilibre. Je veux la même chose pour mon équipe.
2. Comment vous est venue l’idée de votre entreprise?
« Ça a été une idée fixe. Je m’y suis préparée longtemps d’avance. À sept ans, je faisais des vêtements pour mes poupées. À huit ans, j’ai appris à tricoter. À l’adolescence, je fabriquais mes propres vêtements. Ma grand-mère me prêtait sa machine à coudre et m’aidait. J’ai été costumière d’une troupe de danse à Chicoutimi, d’où je suis originaire. Après un premier DEC en sciences, arts et lettres, je me suis inscrite en design de mode au Collège Lasalle, à Montréal. J’ai aussi complété un bac en gestion à l’École supérieure de mode de Montréal. Puis, j’ai travaillé six ans pour Mackage, un designer montréalais de manteaux haut de gamme connu partout dans le monde. Ensuite, j’ai pris une pause, j’ai étudié à temps partiel et j’ai travaillé pour mon père en communication. C’est à 30 ans que j’ai officiellement fondé mon entreprise. Je suis une perfectionniste. Je voulais être prête pour que ma business dure toute une vie. »
3. Quelles difficultés avez-vous rencontrées?
« Les fournisseurs locaux ne sont pas nombreux au Québec et au Canada pour les matières premières. J’avais un idéal à ce niveau-là. Sinon, trouver du financement n’est pas toujours évident. Lors de mon démarrage, j’ai gagné cinq ou six bourses, ce qui m’a beaucoup aidée. C’est après, quand je cherchais du financement de croissance que ça a été difficile. Mes commandes ne sont pas considérées comme des comptes recevables. Ça pose problème aux banquiers.
4. Quels sont vos objectifs?
« Depuis notre fondation en 2009, notre croissance est organique et réfléchie. On veut continuer à croître en restant fidèles à ce qu’on fait. On est en formation continue. On essaie de se dépasser. Je veux continuer à aimer ça travailler. Je veux garder une belle équipe motivée et compétente. »
5. Quels conseils donneriez-vous à un entrepreneur en démarrage ?
« Avoir un super bon plan d’affaire et avoir une bonne étude de marché comportant de bons échantillons. Demandez du feedback honnête auprès des gens autour de vous. Il faut vraiment répondre à un besoin. Je conseille tout le temps de se prendre une grosse marge de crédit avant de quitter son emploi. C’est ce que j’ai fait quand j’occupais un poste de directrice. Personne ne vous prêtera de l’argent si vous êtes en démarrage et sans emploi. Aussi, je vous recommande de mettre le plus d’argent possible de côté avant de vous lancer. »
6. Quels sont vos projets d'avenir?
« Une deuxième boutique ? Pourquoi pas. Je veux que ça reste à échelle humaine. Je n’ai pas d’idées de grandeur. Je veux un équilibre. Je veux la même chose pour mon équipe. »
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Betina Lou est soutenue par PME MTL Centre-Est