Prospérer en temps de pandémie

Parole d’expert | 12 août 2021

Certaines entreprises ont tiré leur épingle du jeu durant la dernière année. Mais comment s’assurer que la croissance sera durable?

En mars 2020, quand le Québec a été mis sur pause, les dirigeants de Stick 2 ont craint pour l’avenir de leur entreprise spécialisée dans l’impression d’étiquettes. C’était avant qu’il ne reçoive une commande d’une ampleur jamais vue pour la PME.
« On avait stoppé la production quand un de nos plus gros clients, Laboratoire Provence, qui fabrique du gel antibactérien, nous a commandé plus de 30 millions d’étiquettes à imprimer. Du coup, on est devenu un service essentiel. En l’espace de 12 heures, on a redémarré nos opérations », raconte Éric Bruneau, vice-président exécutif de l’imprimerie de Dorval.

D’autres commandes importantes ont suivi en provenance notamment de transformateurs alimentaires dont les usines roulaient à plein régime pour répondre à la demande des consommateurs. « Certains ont doublé leur volume de commande annuel », relate M. Bruneau qui a dû s’empresser de trouver la matière première pour imprimer ces millions d’étiquettes. « On a acheté tout le polymère préencollé qu’il y avait sur le marché grâce à des ententes avec les fournisseurs », ajoute-t-il.

Au final, l’imprimeur a presque doublé son chiffre d’affaires en 2020 et ce, même si 60 % de ses clients habituels ont été fermés pendant des périodes plus ou moins longues. « On a opéré sept jours sur sept pendant plusieurs mois. On a pu compter sur les efforts de nos employés, qui sont près d’une trentaine, sans quoi on n’y serait pas arrivé », tient à dire le vice-président.

Le défi de la croissance

À l’instar de Stick 2, bon nombre d’entreprises ressortent fortifiées de l’année 2020. Cela dit, gérer la croissance représente déjà tout un défi pour les dirigeants, alors imaginez quand elle n’est pas planifiée! Pour affronter ce tourbillon, plusieurs ont senti le besoin d’être accompagné.

« Beaucoup de nos clients ont été à la recherche de solutions de financement pour améliorer leur fonds de roulement, explique Marc-André Perron, directeur général de PME MTL Centre-Ouest. D’autres ont eu besoin d’un avis éclairé et externe sur la situation financière de leur entreprise pour s’assurer que l’augmentation des ventes était réellement synonyme de profits. »

La COVID-19 a aussi accéléré le virage numérique des entreprises, constate Leila Aliyeva, commissaire au développement industriel et durable à PMT MTL Ouest-de-l'Île. « Cela permet entre autres d’obtenir des marges opérationnelles plus intéressantes en plus d’aider à résoudre les enjeux de main-d’œuvre », explique-t-elle.

Mais avant de se lancer dans un projet d’automatisation, les PME ont intérêt à mener un audit numérique, qui permet de connaître leur niveau de maturité en matière de technologies. « Cette première étape les aidera à prendre la bonne direction en déterminant le type de machines dont ils ont réellement besoin. On peut alors les aider pour la recherche de fournisseurs et le financement de leur projet », précise Mme Aliyeva.

L’automatisation, c’est la voie qu’ont choisie les dirigeants de Stick 2. Ils ont investi dans de nouvelles technologies dont un système robotisé pour accroître leur capacité de production et gagner des parts de marché. Pour réaliser le projet, ils ont pu compter sur l’aide de PME MTL qui a participé au montage financier en compagnie d’autres investisseurs. « On va ainsi être mieux positionné face à la concurrence », estime Éric Bruneau.

Préparer l’après-COVID-19

Alors que la crise sanitaire se résorbe, les PME font face à de nouveaux défis. « Pour l’entreprise qui a grandi, il peut devenir pertinent de se lancer à l’exportation. Elles ont alors besoin de conseils en développement de marché, poursuit Marc-André Perron. Un autre enjeu, c’est d’évaluer si la croissance sera durable et de prévoir un plan de match si le volume de commandes revient au niveau d’avant la pandémie. »

Stick 2 est rendu à cette étape. Malgré le rééquilibrage de la demande depuis quelques mois, Éric Bruneau reste confiant. « C’est normal, certains clients ont accumulé un bon inventaire d’étiquettes, dit-il. On a toutefois réussi à décrocher de nouveaux contrats, dont un qui a été signé avec un client américain juste avant la pandémie et qu’on a pu finaliser à distance malgré tout. »

Quand leur principal marché s’est effondré au début de la crise sanitaire, des entreprises ont dû revoir leur modèle d’affaires. Dans bien des cas, le virage a été couronné de succès. Il n’en reste pas moins que, dans l’après-COVID-19, ces entrepreneurs doivent à nouveau se questionner sur l’évolution de leur marché.

« Il peut être dangereux de penser que les choses vont revenir comme avant la pandémie. On sait maintenant que le monde peut changer du jour au lendemain. Les dirigeants se doivent de rester à l’affût et d’être innovants. Ce sont les entreprises qui auront un modèle d’affaires le plus souple possible qui tireront le mieux leur épingle du jeu », conseille Marc-André Perron.

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