Baser la mission de son organisme sur un défi social

Défi d’entrepreneur | 5 févr. 2018

Offrir une opportunité de carrière à des jeunes

Jeanne Doré dirige l’organisme à but non lucratif (OBNL) Le Boulot vers…, qui aide des jeunes de 16 à 25 ans en difficulté à s’insérer socialement et professionnellement. Elle gère les mêmes réalités qu’une PME avec un défi social supplémentaire. Un défi qui s’amplifie avec le temps tandis que l’aide des pouvoirs publics, elle, grandit peu.

« Les jeunes d’aujourd’hui sont encore plus sous-scolarisés, ont plus de précarité économique et de problèmes de santé qu’avant », constate Jeanne Doré. Par conséquent, son défi est de « mieux comprendre les jeunes actuels et d’adapter nos moyens pour continuer de les aider efficacement ».

Aujourd’hui, Le Boulot vers…, qui existe depuis 1983, accueille plus d'une centaine de jeunes stagiaires par année dans son unité de fabrication de meubles, dans Hochelaga-Maisonneuve. L’organisme apprend ainsi aux jeunes les contraintes inhérentes à tout emploi (arriver à l’heure, respecter les consignes de sécurité, l’autorité, etc.) mais aussi un métier artisanal.

En comptant les stagiaires qui profitent du programme à chaque fois par groupe de vingt, au total, 35 personnes travaillent dans l’organisme, à des postes administratifs ou d’intervenants auprès des jeunes. L’OBNL a des problématiques identiques à celles de n’importe quelle entreprise. Outre la gestion de personnel, des finances, etc., il a actuellement un projet de déménagement.

Alors qu’il est locataire depuis sa création, il va devenir propriétaire de ses propres locaux, où il emménagera en 2019-2020. « À travers ce projet, on veut apporter de la pérennité à l’organisation. Sans vouloir trop grossir, on va pouvoir ajouter un deuxième quart de travail à l’unité de fabrication des meubles, qui sera aménagée en fonction des normes les plus actuelles », explique Jeanne Doré. C’est un projet d’envergure pour une petite structure. Études, recherche de lieu puis de financement, plans d’aménagement, les tâches sont nombreuses, complexes et coûteuses.

Diversifier ses soutiens

Pour le mener à bien, « on s’est associés à des universités, des écoles car on a des questionnements intéressants pour des chercheurs. On est comme un laboratoire, un lieu d’expérimentation », indique la directrice. Par exemple, une étudiante a mené un projet dans l’organisme pendant lequel elle a conçu des objets qui peuvent être fabriqués avec les chutes de matière première non utilisées aujourd’hui. L’OBNL a aussi cherché du financement et des conseils.

La mission sociale de l’organisme lui impose un défi supplémentaire. « Les nouvelles réalités des jeunes nous obligent à revoir nos procédés. Le coût d’insertion des jeunes est supérieur aujourd’hui. Il faut l’engagement de toute une société pour lutter contre la pauvreté et ses conséquences diverses », lance Jeanne Doré. Reconnu comme entreprise d’insertion, Le Boulot vers… conclut des ententes de service avec le gouvernement, mais « il n’y a pas de revalorisation systématique, ce qui met une pression sur le budget de l’organisme », regrette Jeanne Doré.

Le Boulot vers… cherche à diversifier ses appuis. « On a créé des alliances avec des partenaires, on sollicite les entreprises privées pour faire des dons. On réfléchit aussi à élargir notre clientèle pour les meubles fabriqués par les jeunes », énumère la directrice générale.

Élargir sa clientèle

L’OBNL s’est spécialisé dans du mobilier d’utilité sociale : casiers pour des garderies, lits, commodes et tables pour des logements sociaux. Du mobilier simple, sobre et solide. Pour le moment, les clients sont surtout des organismes sociaux, mais Le Boulot vers…  aimerait vendre en plus grande quantité à une clientèle commerciale. Le fait que les meubles soient fabriqués localement et en bois peut être un atout commercial. D’ailleurs, Le Boulot vers… a déjà meublé les bureaux d’Équiterre à la Maison du développement durable.

« Si les produits que nous demande la clientèle commerciale sont trop complexes, nos stagiaires ne pourront pas les faire et ça n’aurait pas de sens de sous-traiter une partie de la production. Ce n’est pas ce qu’on cherche, affirme Jeanne Doré. On veut continuer avec des modèles qu’ils peuvent faire intégralement. Il faut donc travailler avec des clients qui comprennent notre mission. »

Le Boulot vers… doit renouveler son modèle pour, comme n’importe quelle entreprise, survivre et se développer. 

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Le Boulot vers… est soutenu par PME MTL Centre-Est

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