C’est Beau démocratise le savoir-faire québécois

Défi d’entrepreneur | 26 févr. 2020

À la fois marque de vêtements, plateforme de contenu et vitrine pour des créateurs d’ici, C’est Beau s’érige autour de trois piliers : une fabrication québécoise syndiquée, du coton biologique certifié et un prix accessible. Portrait d’une entreprise en croissance qui marie succès d’affaires et valeurs morales.

À son origine, en 2012, C’est Beau était une marque de planches à roulettes en bois remises à neuf par Raphaël Ricard, alors étudiant universitaire en philosophie. En juillet 2016, après avoir observé au fil des ans un intérêt vif pour des produits durables, authentiques et conçus à la main, il a choisi d’élargir sa marque à des vêtements. Cependant, pas question de contribuer au mouvement fast fashion, « qui crée 52 saisons dans une année et entraîne la surconsommation ».

Ainsi, le jeune entrepreneur a adopté trois valeurs sur lesquelles il allait refuser tout compromis et qui se voulaient une réponse à un vide dans l’industrie de la mode : une fabrication par des ouvriers québécois syndiqués, l’utilisation de coton biologique certifié et un prix accessible aux consommateurs.

D’un point de vue entrepreneurial, je ne partais pas à zéro, mais plutôt à moins deux.

La marque allait donc tabler sur le savoir-faire respectueux de la main-d’œuvre et de l’environnement pour rivaliser avec les produits manufacturés à des milliers de kilomètres de chez nous, puis vendus à de faibles coûts. Dans cette mouvance, il a décidé en parallèle de mettre sur pied une plateforme afin d’y regrouper et d’y valoriser des produits divers (bijoux, articles pour la maison et les soins corporels, bougies, aliments, etc.) créés ici et de manière artisanale.

Des erreurs, puis une initiative marquante

S’il avait une vision claire de sa mission d’entreprise, Raphaël Ricard reconnaît qu’une certaine naïveté l’habitait au moment où il s’est lancé dans l’aventure. « Je me suis présenté dans une institution financière pour y obtenir un prêt de 10 000 $ alors que je n’avais même pas monté de plan d’affaires, raconte-t-il. D’un point de vue entrepreneurial, je ne partais pas à zéro, mais plutôt à moins deux. »

Toutefois, les premiers pas quelquefois maladroits des débuts ont vite fait place à des décisions éclairées qui ont permis à la jeune entreprise de prendre son envol. Par exemple, ses opérations ont été centralisées chez un manufacturier de l’Estrie. En éliminant de cette façon les intermédiaires (pour les étapes de tissu, coupe, assemblage, etc.), C’est Beau a pu réduire ses coûts de production de 40 %. Cela lui a permis de respecter son engagement de proposer aux consommateurs des prix raisonnables. « À lui seul, le transport entre chaque fournisseur entraînait des dépenses considérables. »

Au moment d’ouvrir nos succursales, nous avions un historique, une communauté d’adeptes, un savoir-faire, de même qu’une stratégie omnicanal et de contenu. Sans de tels attributs, nous nous serions plantés.

Une présence physique nécessaire

Un autre tournant dans la croissance de l’entreprise a été d’ajouter à la plateforme en ligne de C’est Beau deux succursales physiques à Montréal (sur l’avenue Mont-Royal et sur la rue Beaubien). « Depuis longtemps, des gens évoquent la mort des commerces de briques et mortier, signale indique Guillaume Laprise, associé et chef des opérations. Or, à l’opposé, nous avons noté que les consommateurs ressentaient encore le besoin de se rendre en boutique, d’y vivre une expérience, de tâter la marchandise et d’être en contact de près avec la marque. »

Ces magasins ont donné une crédibilité à l’organisation, ajoute Raphaël Ricard. « Les acheteurs ont alors pu voir nos valeurs et, surtout, savoir qui se trouvait derrière la marque. Un commerce physique sécurise les consommateurs. D’ailleurs, quand nous ne vendions qu’en ligne, des acheteurs se présentaient parfois à nos bureaux en espérant y trouver une boutique. »

Cela dit, l’émergence des deux points de vente aurait été plus complexe sans l’existence préalable du volet numérique, reconnaissent les deux partenaires. « Au moment d’ouvrir nos succursales, nous avions un historique, une communauté d’adeptes, un savoir-faire, de même qu’une stratégie omnicanal et de contenu. Sans de tels attributs, nous nous serions plantés. »

Un créneau prometteur

Pour l’avenir, l’ambition de Raphaël Ricard, Guillaume Laprise et Émilie Pomerleau (autre associée de C’est Beau) ne se limite pas à faire rayonner le talent québécois aux seuls yeux des consommateurs. Le trio destine aussi sa marchandise à la clientèle d’entreprise, pour laquelle elle fabrique des pièces sur mesure. « Nos valeurs touchent les jeunes entrepreneurs et décideurs de 45 ans et moins, car l’écoresponsabilité est au cœur de notre mission. IIs viennent nous voir en nous disant "Nos employés trippent sur vous". »

Parmi la clientèle d’affaires de C’est Beau, on compte la Ville de Montréal, Radio-Canada, le bar Vinvinvin ainsi que la firme technologique Lightspeed. « Depuis janvier, Émilie Pomerleau se consacre à temps plein à développer la clientèle du côté des entreprises. Dans un scénario idéal, ce volet représenterait la moitié de notre chiffre d’affaires d’ici deux ans. »

Comment PME MTL a fait la différence pour C’est Beau

« Parce que nous avons commencé à explorer les options concernant l’exportation – en réponse à des demandes tant européennes qu’américaines –, nous avions besoin de connaître tous les aspects en lien avec de telles activités. Or, à ce chapitre, les spécialistes de PME MTL nous accompagnent dans la compréhension et la maîtrise d’éléments divers : transferts d’argent, modalités douanières, logistique entourant l’exportation, alternative en cas de pépin à la frontière, etc. Notre croissance a aussi été facilitée par l’obtention d’une bourse de 25 000 $. »

--

C’est Beau est soutenue par PME MTL Centre-Est.

Recevez nos contenus exclusifs par courriel