Greensolv, c’est à la fois une histoire de résilience, un modèle d’innovation et une volonté ferme de proposer des solutions respectueuses de l’environnement.
On associe habituellement les décapants de peinture et autres nettoyants industriels à une forte toxicité. Or, un groupe montréalais se démarque depuis près de 20 ans avec des produits qui combinent efficacité et souci environnemental.
Née en 1994, Greensolv était à l’origine une division d’une entreprise d’ici vendue à une organisation finlandaise en 2002. « À ce moment, nous avons décidé d’en conserver les activités, puis d’en faire une société à part entière, raconte Martin Pageau, son président et fils du fondateur. On voyait un potentiel intéressant dans le créneau du décapage. En plus, nous étions habités par une grande passion. »
Tant dans les processus que pour les produits, notre préoccupation environnementale est omniprésente.
Grâce à des contacts, Greensolv a vite conclu une entente avec un important fabricant de peintures d’Osaka, au Japon, pour lequel son équipe a créé sur mesure un décapant en gel. Par la suite, question de répondre à la demande, les activités de l’usine de Pointe-Claire ont été étendues à la production de nettoyeurs et de dégraisseurs pour le secteur industriel.
Virage stratégique nécessaire
Malgré de tels accords, les premières années ont été difficiles. « Nous avons perdu 800 000 $ en huit ans, avoue Martin Pageau. Nos produits ne correspondaient pas tout à fait aux besoins précis du marché. Également, ils étaient plus coûteux que ceux de la concurrence. »
Devant ces constats, un virage a dû être réalisé. « Nous sommes revenus à la base avec seulement trois employés. Puis, nous avons pris une importante décision stratégique. Plutôt que de proposer des décapants en gel, nous avons choisi d’offrir des solutions globales de trempage dans des cuves. Ainsi, nos clients allaient pouvoir eux-mêmes assurer de telles opérations puisque nous allions leur fournir tout le matériel nécessaire, jusqu’aux treuils et aux hottes de ventilation. »
Cette décision a été fructueuse, car Greensolv a décroché des contrats avec Bombardier Aéronautique, BRP, la STM, l’armée canadienne, etc. Ainsi, son chiffre d’affaires est passé de 1 million $ en 2015 à 2,5 millions $ en 2018, puis à 3,9 millions $ en 2019. « Nous avons massivement investi en recherche et développement. Résultat, nous sommes parvenus à une solution procurant à notre clientèle des coûts de décapage de deux à trois fois moins élevés, sans perte d’efficacité. De plus, notre système étant plus rapide que les méthodes conventionnelles, il limitait pour nos clients les pertes causées par le ralentissement de leur production. »
Créneaux lucratifs
En parallèle, l’entreprise a commencé à servir l’industrie automobile et des fabricants de véhicules à moteur, décapant notamment chaque jour 10 000 pièces métallisées pour BRP. « Ici, il y avait beaucoup de pertes, raconte Martin Pageau. Par exemple, le taux de rejet atteignait 5 % quand la peinture était mal appliquée sur un volant ou des poignées de motoneige. Notre solution décape à une infime fraction du prix. Le client peut donc réutiliser sa pièce fonctionnelle et ainsi éviter de la jeter pour des raisons esthétiques. »
Toujours sur le plan économique, Greensolv prétend offrir une solution beaucoup plus avantageuse que son principal concurrent, situé au Tennessee. « Son baril coûte 800 $, mais ne peut traiter qu’une centaine de roues. Le nôtre coûte 2 000 $, mais traite au-delà de 1 000 roues. De plus, la solution de cette entreprise est reconnue comme hautement nocive, ayant même été bannie dans certains États américains. En revanche, la nôtre a été conçue pour minimiser les impacts écologiques et avoir une durée de vie plus longue que ce qu’on trouve dans notre domaine. »
Faire plus avec moins
À ce sujet, Martin Pageau explique que la raison d’être de son organisation est d’accomplir plus avec moins. « Tant dans les processus que pour les produits, notre préoccupation environnementale est omniprésente. Par exemple, nous accompagnons nos clients dans l’entretien périodique, de manière à optimiser l’utilisation de leurs produits au lieu de prôner la surconsommation. »
En production, Greensolv porte une attention spéciale à sa consommation d’eau à l’étape de fabrication. « À plusieurs reprises, nous réutilisons la même eau de lavage afin de nettoyer le réservoir après la conception de produits similaires. De plus, nous ne recourons à aucun polluant atmosphérique et à aucune substance toxique parmi les éléments listés par les autorités gouvernementales à ce chapitre. »
Une telle approche a permis à l’entreprise de vendre 196 réservoirs en Amérique du Nord (où elle réalise 90 % de ses activités), mais aussi ailleurs : Japon, France, Australie, Angleterre, etc. « Les créneaux de clientèle sont vastes, qu’on pense uniquement aux appareils électroménagers ou aux vélos, explique Martin Pageau. Et nous n’avons pas à investir de gros montants en marketing, car nous recrutons plus de la moitié de notre clientèle sur… Instagram. Les fabricants aiment y afficher, par exemple, de belles roues de voitures. Donc, nous leur démontrons qu’avec nos décapants, nous les aidons à avoir des produits toujours impeccables. »
Comment PME MTL a fait la différence pour Greensolv
« Les gens de PME MTL sont fantastiques pour nous. Nous avons collaboré avec eux dans le cadre du Parcours Innovation en 2016, du Parcours Développement durable Montréal en 2018 et du Parcours Aplomb MTL en 2020. Ils nous ont aussi servi d’entremetteurs auprès de groupes d’affaires, dont des chambres de commerce. Outre des formations sur des thèmes comme le marketing et les ventes, ses experts nous remettent souvent en question quant à notre stratégie. Ils nous incitent à nous ajuster en relevant des aspects auxquels nous n’avions pas pensé. »
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Greensolv est soutenue par PME MTL Ouest-de-l'Île.