Aquaverti: nourrir le monde… et contribuer à le sauver

Défi d’entrepreneur | 30 avr. 2019

Faire pousser des salades dans un entrepôt, en hauteur et en recourant à un mode de fonctionnement automatisé. C’est le défi que relève chaque jour Aquaverti, seule ferme verticale de monoculture au pays. 

Qui aurait cru que le fordisme influencerait un jour la production agricole ! C’est pourtant le cas d’Aquaverti, dont les méthodes sont inspirées à la fois de l’industrie automobile et de l’agriculture hollandaise et japonaise.

Cette entreprise spécialisée dans la monoculture de la laitue frisée apporte sa contribution pour doter le Québec et le Canada d’une autonomie alimentaire. Ses installations de l’arrondissement Saint-Laurent ont été pensées davantage comme une usine que comme une ferme. L’optimisation de l’espace cubique, la robotisation, le principe d’une ligne de production et le contrôle environnemental font donc partie des aspects centraux.

Les robots agriculteurs d'Aquaverti 

Ainsi, les laitues poussent sur des structures verticales hautes de 16 pieds qui s’apparentent à celles qu’on trouve, par exemple, dans les quincailleries à grande surface. Toutefois, l’effet pervers d’un tel système, c’est qu’il est difficile pour un humain de taille moyenne de bien voir les laitues situées à plus de six pieds de hauteur. Pas question non plus de demander à un travailleur de grimper dans la structure plusieurs fois par jour pour s’assurer de leur croissance et vérifier leur état. Sans parler du temps perdu que demanderaient de telles manœuvres.

Notre approche élimine les pesticides et les gaz à effet de serre en plus de diminuer la consommation d’eau de 95 %. 

Aquaverti a donc conçu un robot dont la mission consiste à déposer les laitues dans les tours de croissance, puis à s’assurer du maintien des conditions idéales pour leur culture. De même, un second robot, lui, récolte les laitues parvenues à maturité, puis en organise l’emballage pour leur éventuelle expédition. Toujours dans un souci d’utiliser intelligemment l’espace et de compenser une petite superficie de plancher, ces appareils ont été placés directement sur des convoyeurs.

Par ailleurs, alors que les bassins hydroponiques traditionnels font 4 x 8 pieds, ceux d’Aquaverti atteignent 4 x 65 pieds. Tirant leur inspiration de l’agriculture hollandaise, ce sont en quelque sorte des piscines dans lesquelles on ajoute des solutions fertilisantes pour y faire grossir les laitues. Là aussi, l’automatisation joue un rôle, car elle permet le déplacement des flotteurs sur lesquels reposent les laitues. Ainsi, quand une série est récoltée, le robot transporte celles destinées à être les suivantes vers la zone de récolte, puis installe les nouvelles dans les espaces vides.

Gagner du temps et préserver la qualité des laitues 

Provenant principalement de Californie et du Mexique, les laitues que nous consommons au Québec, à l’heure actuelle, sont cultivées en serres conventionnelles chauffées par combustibles ou en champs, ce qui nécessite des tracteurs diesel polluants et l’utilisation de pesticides.

« Outre l’élimination des pesticides et des gaz à effet de serre ainsi que la diminution de la consommation d’eau de 95 %, notre approche accélère la production, car 35 journées suffisent pour franchir toutes les étapes », explique George Aczam, président et fondateur d’Aquaverti. À terme, l’organisation prévoit produire de 1 600 à 2 000 laitues quotidiennement, 365 jours par année.

Sur le plan des valeurs nutritives, elles se démarqueraient aussi de celles qui poussent en Californie, en Arizona et, dans une moindre mesure, en Floride, qui composent la majorité des importations chez nous. Alors que ces dernières ne deviennent accessibles aux consommateurs qu’une dizaine de jours après leur récolte, celles d’Aquaverti le seraient en une douzaine d’heures.

« Il est impératif de minimiser le temps de livraison dans les marchés d’alimentation, indique George Aczam. C’est que la laitue frisée est une des plus fragiles dans cette catégorie. Ses feuilles se brisent facilement avec la manutention et le transport, et elle commence à perdre des valeurs nutritives rapidement. »

Le choix stratégique d'Aquaverti

Des raisons à la fois logistiques et économiques ont incité Aquaverti à miser sur la laitue frisée plutôt qu’un autre légume. Tout d’abord, le Canada en est le plus grand importateur au monde, et 90 % des Canadiens en consomment chaque jour, directement ou encore dans un sandwich ou comme décoration pour un autre plat. D’autre part, la laitue frisée prend peu d’espace en hauteur, contrairement au chou frisé, par exemple.

Elle présente aussi l’avantage de ne nécessiter qu’un spectre lumineux, contrairement à d’autres légumes, dont la croissance est plus lente. « Dans un tel cas, il faudrait sans cesse ajuster le spectre, afin de reproduire à l’intérieur les changements extérieurs de luminosité et d’ensoleillement. » Le contrôle du spectre lumineux permet par ailleurs de déterminer certaines composantes de la laitue en production, notamment l’épaisseur de ses feuilles, leur fermeté et le goût, et ce, de manière entièrement naturelle, sans OGM.

De l’aide sur tous les plans

George Aczam se montre reconnaissant de l’aide reçue par PME MTL, qui couvre autant le volet financier qu’organisationnel. « L'équipe de PME MTL nous a procuré de précieux conseils de financement, indique-t-il. Elle nous a aussi permis d’établir des contacts et de bâtir des relations avec divers partenaires et investisseurs. De fait, nous avons été soutenus sur toutes les facettes : opérationnelles, de gestion, de comptabilité, etc. » L’entrepreneur et son équipe ont ainsi pu focaliser sur le volet d’innovation.

À ce sujet, il dit trouver à Montréal un milieu fort stimulant. « La ville est remplie de jeunes gens brillants et aux talents multidisciplinaires. Qu’on pense à tout ce qui naît ici en lien avec l’enjeu de la durabilité. La vision entrepreneuriale est très répandue et contagieuse. » Il estime d’ailleurs que l’entrepreneuriat est à la portée de tous. « Tout est une question d’état d’esprit, résume-t-il. Vous pouvez tenir un stylo et vous en servir. Vous pouvez aussi vous mettre dans l’état d’esprit de l’inventeur, puis vous demander ce que vous pouvez créer à votre tour. »

Aquaverti est soutenue par PME MTL Centre-Ouest.

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