Quatre entreprises qui tirent profit de l’économie circulaire

Parole d’expert | 25 juin 2019

Parmi les composantes du développement durable, l’économie circulaire forme un modèle d’affaires innovant, car il invite à la fois à repenser les cycles habituels de production et de consommation.

Le modèle économique linéaire actuel repose sur l’extraction d’une ou de plusieurs ressources, leur transformation en un produit, la consommation de celui-ci, puis son élimination. Un tel système ne peut être durable dans le temps, car il est axé sur la dépendance envers un gisement ou une ressource naturelle que l’on finit par épuiser tôt ou tard.

En contrepartie, l’économie circulaire forme plutôt une boucle, car elle est orientée autour de l’idée de maximiser l’utilisation d’éléments déjà existants. Québec Circulaire, un regroupement composé d’organisations* visant la transition vers ce nouveau mode, définit ainsi l’économie circulaire : « Nouveau modèle économique visant à découpler la croissance économique de l’épuisement des ressources naturelles et des impacts sur l’environnement par deux principaux mécanismes : 1) Repenser nos modes de production-consommation pour consommer moins de ressources et protéger les écosystèmes qui les génèrent. 2) Optimiser l’utilisation des ressources qui circulent déjà dans nos sociétés. »

Afin de démontrer que cette philosophie est aussi rentable financièrement, Vincent Ayotte, conseiller de PME MTL Est-de-l’île, présente ici des entreprises du Québec et d’ailleurs qui placent l’économie circulaire au cœur de leurs stratégies.

1. Xerox : payer à la page

Parmi les stratégies de l’économie circulaire, on retrouve l’économie de fonctionnalité. C’est-à-dire de vendre la « fonction » plutôt que le « produit ». C’est autour de cette idée que la marque de photocopieurs Xerox a développé son programme d’économie circulaire. Parce qu’elle œuvrait dans un secteur en déclin et que ses revenus étaient majoritairement issus de la vente d’imprimantes et de copieurs, l’entreprise a réalisé un virage stratégique.

Elle a commencé à offrir à sa clientèle la location d’imprimantes et le paiement par page imprimée. Conséquence de cette mutation, en 2012, 84 % de ses 22,4 milliards $ de revenus provenaient de la location et de la facturation à la page imprimée. Parce que ses machines duraient plus longtemps, Xerox a pu réduire les coûts des matières premières et économiser plus de 150 millions $ en seulement trois ans lors de la transition vers sa nouvelle offre.

L’entreprise y a aussi gagné sur le plan de la fidélisation des clients, car avec des tarifs à l’utilisation fixes et garantis, sa clientèle est devenue plus loyale, n’ayant plus à se soucier d’aspects comme l’achat, la maintenance et la réparation.

2. Michelin : des pneus qui durent et qui se louent

Dans un registre assez semblable, la marque de pneus Michelin permet de son côté aux entreprises qui exploitent des parcs de véhicules et de camions de louer des pneus, puis de les payer au kilométrage parcouru plutôt que de les acheter. En 2014, elle avait ainsi conclu plus de 500 ententes totalisant au-delà de 500 000 véhicules seulement en Europe. Contrairement aux revenus saisonniers de la vente de pneus, la location lui procure des entrées d’argent récurrentes et prévisibles en plus d’assurer une loyauté de sa clientèle en vertu d’un service personnalisé. Enfin, comme elle reste propriétaire de ses stocks, Michelin en maximise la durée de vie.

3. Spa Poséidon : faire vivre des spas plus longtemps

Cette entreprise ne se contente pas de vendre des baignoires à remous et des accessoires. Depuis plusieurs années, elle offre un service d’entretien et de réparation, mais elle récupère aussi des spas chez des clients qui n’en veulent plus, puis elle les remet à neuf. Ainsi, elle modernise des composantes comme les pompes, les systèmes de contrôle, les couvercles, et autres, et redonne vie au produit en vue de la revente. D’une part, cette mesure permet de doubler la vie d’un spa au-delà de ses habituels 15 ou 20 années. D’autre part, une telle initiative permet à Spa Poséidon de retenir au sein de l’organisation des employés qui, autrement, auraient été saisonniers.

4. Loop Mission : les rejets de l’un sont les gains de l’autre

Dans le monde, le tiers des aliments produits sont jetés au lieu d’être consommés. Pire encore, dans le cas des fruits et légumes, près de la moitié d’entre eux aboutissent aux déchets, souvent en raison des délais de transport trop longs qui les flétrissent rendus aux supermarchés et autres points de vente.

L’entreprise Loop Mission s’est associée au distributeur de fruits et légumes Courchesne Larose afin de revaloriser une portion de ses rejets pour créer des jus frais. Le modèle d’affaires de Loop repose sur la revalorisation des fruits et légumes invendus ou rejetés chaque jour. En plus, elle récupère même des résidus comme la pulpe dans le but d’en faire des biscuits pour chiens. De toute évidence, la stratégie est payante, car à la fin de 2017, Courchesne Larose a ajouté 58 000 pieds à son entrepôt de 100 000 pieds carrés de l’arrondissement d’Anjou. Nés en 2016, les jus Loop se vendent à raison de 10 000 à 15 000 bouteilles chaque semaine.

* Parmi les groupes qui composent la plateforme Québec Circulaire, notons : l’Institut de l’environnement, du développement durable et de l’économie circulaire, l’Institut national de l’économie circulaire, le Centre international de ressources et d’innovation pour le développement durable et le Pôle de concertation québécois en économie circulaire. Au nombre des partenaires fondateurs, on note aussi Éco Entreprises Québec et Réseau Environnement.

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Cet article a été rédigé en collaboration avec Vincent Ayotte, Conseiller – Économie circulaire et développement durable à PME MTL Est-de-l’île.

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