Adepte d’escalade, Julie Kim Sayegh a l’habitude des défis. Pas étonnant qu’en cofondant le centre d’escalade intérieur Beta Bloc, à Dorval, elle n’a ménagé aucun effort pour atteindre ses objectifs. Trucs et astuces d’une jeune entrepreneure qui a quitté un emploi bien rémunéré pour se lancer en affaires.
Que ce soit le financement, la recherche d’un local ou le marketing, Julie Kim Sayegh a tout appris « sur le tas », comme le veut l’expression populaire. Elle a été épaulée - et bien souvent motivée - par les deux autres cofondateurs de Beta Bloc, Patrick Jamati et Naïm Poonja-Tremblay. Avec le recul, le trio peut dire mission accomplie.
Règle n°1 : diversifier ses sources de financement
Outre le fait de devoir laisser derrière elle un emploi d’ingénieure civile, la recherche de financement est ce que Mme Sayegh a trouvé le plus difficile. Même si l’escalade sera au programme des Jeux olympiques de Tokyo en 2020, trouver des prêteurs pour financer un centre d’escalade de bloc (aussi connu sous l’appellation « bouldering ») n’était pas une sinécure.
« Il fallait injecter de l’argent personnel - beaucoup d’argent -, pour démontrer qu’on était sérieux. REER, ‘Love Money’, épargnes personnelles ; on a tout mis ce qu’on avait. J’ai même mis mon condo en location et je suis allée vivre chez mes parents », relate la jeune femme de 30 ans.
Avec l’aide d’un conseiller, la femme d’affaire a monté un plan de financement en béton. « On a réussi à s’entendre avec quatre prêteurs institutionnels afin de mieux partager le risque », dit-elle.
« Une des parties les plus compliquées, ajoute-t-elle, est qu’il fallait connaître nos besoins à l’avance. On ne le savait pas, mais il faut un bail pour obtenir du financement. Et celui avec qui on désire signer le bail veut une preuve de financement. Il faut beaucoup de promesses verbales quand on se lance en affaires. »
Julie Kim Sayegh reconnaît s’être fait la main en entrepreneuriat en lisant et en parlant de son projet à qui voulait l’entendre « On s’est beaucoup éduqués par nous-mêmes, par des sites web, dit-elle. Les banques nous ont mis sur des pistes. On est allés voir différents organismes. On a fait des applications pour des bourses. On en a obtenu deux totalisant 27 000 $. »
Règle n°2 : Trouver un emplacement stratégique
Pour se dénicher un local, une opération qui a pris plus de six mois, Julie Kim Sayegh et ses compagnons ont tout d’abord fait de la prospection par eux-mêmes.
Mais les services d’un courtier immobilier spécialisé dans les locaux commerciaux et industriels se sont imposés et se sont révélés salutaires.
Règle n°3 : Susciter l'intérêt par le marketing et le bouche-à-oreille
Puisque Beta Bloc est le premier centre d’escalade intérieur de l’ouest de Montréal, la jeune femme d’affaires et sa bande se sont d’emblée adressés directement à la communauté de grimpeurs. « Il fallait faire savoir qu’on existe », dit-elle le plus simplement.
Pour y parvenir, le bouche à oreille et les médias sociaux – surtout Facebook et ses programmes payants de sponsoring, et Instagram – ont été mis à contribution. Des vidéos sur l’escalade de bloc sont également régulièrement mises en ligne. « On crée du contenu pour susciter de l’intérêt », révèle Mme Sayegh.
Aussi, et cette approche de marketing s’est avérée gagnante, Beta Bloc a été l’hôte de quelques événements, dont un championnat provincial d’escalade en janvier 2018. « Ça augmente notre crédibilité », confirme-t-elle.
Enfin, s’il est une chose que Mme Sayegh a apprise, c’est de ne pas avoir peur de parler ouvertement de son entreprise, fut-elle en démarrage ou en pleine expansion. « Il faut parler de son projet au plus grand nombre de gens possible. Tout le monde a une opinion. Il faut juste être capable d’en prendre et d’en laisser. Ça peut apporter de nouvelles idées. »
À court terme, les fondateurs de Beta Bloc souhaitent réaliser de nombreux autres projets qu’ils préfèrent taire pour le moment.
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Le centre d'escalade Beta Bloc est soutenu par PME MTL Ouest-de-l'Île.