Face aux difficultés de recrutement actuelles, les propriétaires de PME doivent se montrer plus généreux s’ils veulent attirer et retenir les talents. Mais gonfler le chèque de paie n’est pas la seule façon d’offrir davantage à ses employés.
« Les employeurs doivent faire preuve d’innovation dans leurs pratiques salariales globales, lance d’entrée de jeu Abdellah Azami, directeur principal – Services conseils et financement pour PME MTL Centre-Ville. Même si une part de la rémunération restera toujours monétaire, il y a d’autres façons de récompenser ses employés. »
Ce peut être des initiatives très simples comme offrir de l’ameublement ergonomique pour le bureau (qu’il soit dans l’entreprise ou à la maison) ou créer un espace café où les employés peuvent se rencontrer pour la pause afin de rendre l’environnement plus convivial. Du côté des transformations plus importantes, ces deux idées sont en vogue : implanter la semaine de quatre jours, une mesure qui laisse du temps pour se ressourcer et facilite la conciliation travail et famille, ou encore, donner la possibilité de travailler à partir de l’étranger pendant quelques mois (pour fuir l’hiver, par exemple).
« À l’ère du télétravail, c’est une option susceptible de plaire à de nombreux employés, affirme M. Azami. L’entreprise peut même offrir de payer les billets d’avion, puisqu’elle économise sur les frais de bureaux. »
Le mot d’ordre : flexibilité
D’autres initiatives sont en émergence, comme celle qui consiste à revoir les salaires deux fois par année plutôt qu’une. « On l’observe de plus en plus, souligne Lucie Besnoist, conseillère principale, Rémunération chez Normandin Beaudry, une firme-conseil en rémunération globale. L’employé reçoit une augmentation globalement plus intéressante et appréhende mieux sa progression. Il sera plus tenté de rester en poste. »
L’automne dernier, Normandin Beaudry a aussi sondé les travailleurs canadiens sur les raisons qui les incitent à rester en poste. « Il en est ressorti que les employés recherchent la flexibilité non seulement pour l’horaire de travail, mais aussi pour les avantages sociaux, explique Mme Besnoist. Tout en restant équitable, il est possible d’adapter la rémunération selon les besoins des employés avec des options à la carte. »
Par exemple, un jeune pourrait privilégier une contribution financière pour suivre une formation alors qu’un employé rendu à mi-carrière favoriserait davantage une contribution à son régime de retraite personnel.
Prendre le pouls du marché
Cela étant dit, le salaire conserve son importance pour rester dans la course. En 2022, les entreprises prévoient de plus fortes augmentations que celles octroyées ces dernières années. Selon les prévisions de Normandin Beaudry, les dirigeants de PME (moins de 500 employés) envisagent des augmentations de 3,7 % en moyenne, comparativement à 3,2 % en 2021. « Elles seront plus importantes dans les PME comptant moins de 200 employés, soit de 3,9 % en moyenne », précise Lucie Besnoist.
Avant de décider du pourcentage d’augmentation, les dirigeants doivent toutefois s’assurer que leur offre est concurrentielle, conseille Abdellah Azami. Pour le savoir, il suggère de consulter Les prévisions salariales 2022 de l’Ordre des conseillers en ressources humaines agréés. Cet outil donne un aperçu des augmentations prévues selon les industries.
Qu’en est-il des bonis ? « Ils sont de moins en moins appréciés parce que le chèque est amputé des sommes dues à l’impôt, prévient Lucie Besnoist. Pour que le gain soit intéressant aux yeux de l’employé, il faut que le montant soit conséquent. Par ailleurs, le boni reste un incitatif lié au rendement. Il ne devrait pas être octroyé de façon systématique. »
L’humain avant tout
Quelles que soient les stratégies utilisées, il faut que l’humain soit au centre des décisions de l’entreprise. « Il faut envoyer le message que l’employé est important, insiste Abdellah Azami. Et se rappeler que le salaire n’est pas forcément en tête de liste des critères pour rester en poste. Aujourd’hui, les jeunes considèrent le travail comme un lieu de réalisation de soi. Il faut donc offrir les conditions où ils pourront évoluer dans leur carrière. Cela passe notamment par l’acquisition de nouvelles connaissances et des défis intéressants à relever. L’objectif est de créer un environnement de travail sain. »
En matière de rémunération, laisser la place aux nouvelles idées peut donc se révéler payant. « Même s’il est possible de s’inspirer de ce qui se fait ailleurs, c’est toujours plus intéressant de créer son propre modèle en fonction des spécificités et des besoins de l’entreprise », conclut Abdellah Azami.
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