Une PME ne sera jamais un long fleuve tranquille. Julie Dion, cofondatrice de la cordonnerie montréalaise Dakissa, l’a compris. Toutefois, un problème de ressources humaines et un déménagement expéditif n’ont pas encore réussi à affecter la jeune femme d’affaires. Vive la débrouillardise !
Julie Dion a rencontré son conjoint Seïdou Dembélé en Afrique lors d’un séjour en coopération. Cordonnier de profession, le Malien d’origine a choisi de suivre la jeune Québécoise lorsqu’elle est rentrée au bercail en 2007.
Répondre à l'appel de l'entrepreneuriat
Après avoir travaillé deux ans dans une cordonnerie montréalaise, Seïdou Dembélé voulait fonder sa propre entreprise. Julie Dion était réticente. Voyant poindre la fin de son contrat dans le milieu de l’éducation, elle a changé d’avis. De partenaire de vie, le couple canado-africain est devenu partenaire d’affaires. Lui comme artisan ; elle comme gestionnaire.
Les entrepreneurs ont déniché à Lévis l’équipement nécessaire à l’implantation d’une cordonnerie. « J’ai trouvé ça sur Kijiji, explique Mme Dion. On a tout remisé dans le garage de mes parents le temps qu’on soit prêts à se lancer en affaires. »
Ils ont profité du programme Soutien au travail autonome (STA) par lequel ils ont reçu un an de salaire minimum et suivi une formation en entrepreneuriat. « On a écrit notre plan d’affaires, fait une étude de marché, etc. Travailler en groupe avec d’autres entrepreneurs a été très stimulant », dit-elle.
Combler ses besoins de main-d’œuvre
La cordonnerie Dakissa a vu le jour en 2011 à l’angle des rues Saint-Denis et Saint-Zotique. Le sympathique atelier a rapidement conquis la clientèle locale. Le bouche-à-oreille et de la publicité ciblée (stations de métro, journaux de quartier, etc.) y sont pour beaucoup.
« Quand la clientèle a commencé à grossir, on a eu un problème de main-d’œuvre, relate Julie Dion. Seïdou étant le seul employé, on a voulu former des gens, mais sans grand succès. »
Pour remédier au problème, le couple a eu l'idée d'inviter le frère de Seïdou, aussi cordonnier et habitant en Côte d'Ivoire à se joindre à l'aventure. Résultat : Hamadou Dembélé fait partie de l’équipe depuis un an et demi. Toutefois, son retour étant prévu pour mai 2018 pousse les entrepreneurs à recommencer le processus d'embauche.
Sachant que la main-d'oeuvre est très rare, un projet pourrait en émaner : « Il n’y a plus d’école de cordonnerie au Québec ! Faut-il devenir un centre de formation ? On y pense. On aimerait s’associer avec Emploi-Québec et le ministère de l’Éducation pour devenir un centre de formation en cordonnerie. »
Jongler avec l'imprévu
À leurs débuts, les entrepreneurs se sont illico liés d’amitié avec le propriétaire de leur local qui, étonnement, ne voulait pas signer de bail à long terme.
« Il préférait nous louer un an à la fois. Ça faisait notre affaire, surtout les premières années. Mais après six ans, ça nous a joué un tour quand il est décédé. Notre bail n’était pas notarié. Le nouveau propriétaire nous offrait un local plus petit et plus cher. Il fallait déménager. »
Là encore, la magie de l’Internet a fait son œuvre. « C’est encore une fois par Kijiji que j’ai trouvé ce que je cherchais : un local à la Plaza Saint-Hubert. On paie moins cher et il y a plus d’achalandage. » Des améliorations locatives, l'achat de nouveaux produits et un fond pour le déménagement étaient nécessaires. Julie Dion avait prévu un budget de 10 000 $.
« Avant de recevoir notre prêt servant à payer les dépenses liées à ce déménagement, il a fallu utiliser nos cartes de crédit et trouver du love money », confie la femme d’affaires.
Nouvellement installée, l’entreprise veut développer sa propre ligne de chaussures « Made in Québec ». Ce projet en gestation a reçu un prêt de 15 000 $.
À court terme, Cordonnerie Dakissa souhaite faire l’acquisition d’un commerce sur la rive-sud et le transformer en point de service.
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Cordonnerie Dakissa est soutenue par PME MTL Centre-Est