Dans les dernières années, Ada Panduro, directrice commercialisation et innovations, bioalimentaire à PME MTL a constaté une hausse des entreprises en démarrage dans le secteur alimentaire à Montréal. Une excellente nouvelle pour les foodies, à condition que ces entreprises survivent! En effet, selon, une étude de Bloomberg, 80 % des compagnies échouent dans les 18 premiers mois de leur existence.
Que faire pour être de celles qui réussissent?
Prendre au sérieux ces quatre éléments trop souvent négligés lors du lancement d’une entreprise bioalimentaire.
1-Le marketing
Au Québec, les gourmands sont gâtés; les tablettes sont remplies d’excellents produits! Or, cette saturation de marché complique la vie des entrepreneurs en herbe du secteur. C’est pourquoi l’étude de marché est une étape essentielle pour déterminer le positionnement d’une nouvelle marque.
- Qui est la concurrence?
- Qui sont les clients potentiels?
- Comment les fidéliser?
- Quels partenaires – fournisseurs, distributeurs, associations – peuvent aider l’entreprise?
Sans une telle analyse, même un excellent produit peut vite tomber dans l’oubli.
Il est également important d’établir une stratégie marketing solide afin d’établir sa présence en ligne ou de créer un engouement avant même de lancer un produit en grande distribution.
« Plusieurs entrepreneurs sous-estiment l’investissement requis pour faire connaître leur produit aux consommateurs, affirme Mme Panduro. Il faut un bon plan marketing, des collaborateurs d’expérience et un budget suffisant. »
2-Les finances
Il arrive souvent que des entreprises en démarrage prévoient générer une bonne marge de profit, mais s’aperçoivent quelques mois plus tard avoir mal évalué leur coût de revient. Elles se retrouvent alors avec si peu de marge de manœuvre qu’elles peinent à financer des dépenses essentielles pour leur croissance comme les collaborations avec les détaillants et les distributeurs.
Le même problème survient lorsqu’une entreprise fixe ses prix sans tenir compte de ceux de la concurrence. L’entreprise UFrost, qui a lancé un nouveau service de bar complet en septembre 2022, en sait quelque chose. Celle-ci a perdu plus de 100 000 $ en une saison après avoir sous-estimé le prix jugé acceptable par les clients.
« On envoyait des propositions avec les mêmes marges que sur nos autres services, sans avoir fait une analyse des prix de la compétition. », confie Julien Michalk, co-fondateur d’UFrost.
Finalement, les entrepreneurs doivent garder en tête que les dépenses s’accumulent à un rythme fulgurant au début, tandis que les revenus augmentent graduellement. C’est pourquoi il est toujours mieux d’établir des prévisions financières réalistes et de prévoir un budget de sécurité afin de mieux gérer les liquidités tout au long de l’année.
3-La production
Le passage de production artisanale à production industrielle est complexe. Souvent beaucoup plus complexe que le pensent les entrepreneurs. Ada Panduro constate d’ailleurs un important manque de connaissance relatif à divers éléments du processus de production à grande échelle, incluant l’équipement et les installations nécessaires, les coûts qu’engendre la gestion des matières premières et l’emballage, les règlements de production, les permis et les normes de salubrité.
« Au début, j’étais tellement emballé par notre croissance, qu’on n’a pas assez investi dans l’optimisation de nos processus. Ç’a eu des conséquences financières importantes sur notre première année d’exercice en plus de ralentir notre progression lors de la deuxième année, admet Jean-Baptiste Paganon, cofondateur de Panier Québécois. Si c’était à refaire, je trouverais un meilleur équilibre entre croissance et optimisation pour permettre à l’entreprise d’avancer de façon structurée. »
4-La main-d’œuvre
Parce que personne n’a 14 mains et 30 heures dans une journée, une entreprise est idéalement formée d’au moins deux personnes qui ont des expertises complémentaires; l’une s’occupe de la production et l’autre des finances et de la vente.
Puis, lorsque l’entreprise prend de l’ampleur, il faut recruter en production. C’est là que, souvent, les choses se corsent.
« Lors de la première année de vie de notre entreprise, nos valeurs n'étaient pas définies et ancrées. Il a donc été difficile de faire des embauches en fonction de celles-ci. », explique Marie-Ève Chaumée, cofondatrice de Viva Panettone.
Au-delà de fournir une description de tâches, les jeunes entreprises doivent être en mesure de communiquer leur mission, leurs valeurs et leurs objectifs afin de recruter et de retenir la main-d’œuvre qui, elle aussi, a des aspirations!
Enfin, si vous comptez vous lancer en affaires dans le secteur alimentaire à Montréal, informez-vous auprès de PME MTL et des nombreuses ressources offertes et entourez-vous bien!
« Construire une entreprise, ce n’est pas un sprint, même si le rythme est intense; c'est un marathon. Il faut tenir sur la longueur et bien s’entourer. » – Lauren Rochat, co-fondatrice de BocoBoco.
Ce texte a été réalisé avec la collaboration d’Ada Panduro, Directrice Commercialisation et Innovations pour les entreprises bioalimentaires à PME MTL.
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