Bo : un modèle de logistique inverse
La prolifération des emballages uniques et les nombreux enjeux pour l’environnement que cela représente ont incité Mishel Wong à développer une solution futée et durable!
Mishel Wong a travaillé pendant plusieurs années dans le domaine de la distribution de détergents et de lave-vaisselle industriels. « Avec la pandémie, tout s’est arrêté et les commandes à emporter ont pris de l’ampleur. La compagnie a alors commencé à vendre des emballages à usage unique. J’ai rapidement constaté que non seulement cela nécessitait un espace de stockage hallucinant, mais qu’ils finissaient tous à la poubelle », se souvient-elle.
Elle précise qu’au Canada, le taux de recyclage du plastique est de moins de 9 %, un niveau dramatiquement bas. C’est ainsi que l’idée d’offrir une alternative meilleure pour l’environnement a germé.
Une solution intégrée
Pour éviter que les plats de plastique ne finissent à l’enfouissement, on doit inciter les personnes utilisatrices à les rapporter. « Un système uniquement de consigne peut être coûteux et nuit à l’adoption. Il fallait donc penser à d’autres façons de faire », explique Mishel Wong.
C’est ainsi qu’est née Bo, une entreprise de service de plats réutilisables en polypropylène. Ce plastique résiste à la chaleur élevée et au froid, il peut donc passer du congélateur au four à micro-ondes, mais aussi être nettoyé dans des lave-vaisselle industriels dont la température grimpe jusqu’à 180 degrés.
L’appli Bo est une technologie de traçabilité grâce à laquelle il est possible d’offrir l’option de réemploi, mais sans facturer de dépôt aux clients, du moment que les plats sont rapportés dans un délai de 14 jours dans un point de dépôt.
Grâce aux codes QR uniques placés sur chacun des plats Bo, scannés par le commerçant pour l’attribuer aux personnes utilisatrices, on peut suivre les emballages à la trace et savoir combien de fois ils sont réutilisés et contribuent ainsi à réduire l’empreinte environnementale.
Enfin, Bo vient ramasser les plats dans les points de chute pour les laver à l’entrepôt LavaBo et les réintroduire finalement dans le circuit.
« Les clients et clientes peuvent choisir un, deux ou trois de nos services, soit l’achat ou la location des produits, la traçabilité ou le lavage. Par exemple, près de 50 cafétérias institutionnelles ont seulement besoin de nos plats avec une trousse marketing et de sensibilisation. Nous sommes actuellement en discussion avec un grand joueur dans l’industrie du papier pour tracer les bacs de matières recyclables qu’ils déposent chez leur clientèle. Quant aux Fermes Lufa, ils envoient près de 1000 bacs réutilisables par jour à notre centre de lavage LavaBo », précise-t-elle.
Pas de doute, Bo est un bel exemple de logistique inverse, un modèle dans lequel les produits sont retournés au fabricant pour être recyclés, récupérés ou nettoyés par exemple. Elle relève aussi de l’économie de fonctionnalité, qui consiste à louer un bien ou un service au lieu de le vendre.
Oser se lancer
Lancé officiellement en novembre 2021, Bo a le vent dans les voiles et de belles perspectives de croissance. « Nous venons d’annoncer notre partenariat avec la Ville de Prévost, qui lance une consultation publique pour développer un système de contenants réutilisables pour le prêt-à-manger et les commandes à emporter à l’échelle municipale dans le cadre d’une étude conduite par un doctorant de Polytechnique Montréal », se réjouit Mishel Wong, qui espère que d’autres municipalités lui emboîteront le pas.
Au passage, elle salue le soutien sans faille de PME MTL tout au long du processus. « Bo est un modèle d’affaires complexe et nous avions besoin de fonds importants pour démarrer et commercialiser nos produits. C’était donc très intimidant. Lorsque nous avons préparé notre plan d’affaires, notre conseiller nous a cependant incités à voir plus grand. Il nous a assuré qu’il allait nous aider à trouver les ressources nécessaires. Et il a tenu sa promesse! », se souvient-elle.
C’est pourquoi elle invite la relève entrepreneuriale à ne pas hésiter à se lancer et oser. « Une fois que l’on a développé un bon concept, il y a des organismes, comme PME MTL, qui sont là pour nous soutenir. Grâce à leur appui, je suis très fière que nous soyons devenus une histoire à succès », conclut l’entrepreneure.
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Bo a reçu l’accompagnement des spécialistes de PME MTL et le soutien du Fonds de PME MTL, du Fonds de Commercialisation des innovations et du Fonds de développement de l’économie sociale.