Le marché francophone canadien et mondial foisonne d’occasions à saisir. Faire affaire en français constitue aujourd’hui un atout de taille pour le développement et la réussite des PME montréalaises, selon un récent sondage.
Troisième langue d’affaires dans le monde, le français a le vent en poupe. Il est désormais perçu comme un véritable atout par de nombreuses entreprises montréalaises. C’est ce que constate l’entreprise BIP Recherche, qui a interrogé 425 structures et travailleurs autonomes à Montréal, dans le cadre d’un sondage réalisé au printemps dernier. La grande majorité des entreprises répondantes considère que le français fait partie de l’identité montréalaise et qu’il représente une richesse pour la Ville. Environ 88 % ont jugé important que la clientèle y soit accueillie et servie en français.
Le choix d’adopter le français n’est pas anodin, et il est même déterminant dans le développement et la réussite des entreprises, selon la majorité des structures interrogées. Cela leur confère une image particulièrement positive dans les secteurs de l’information et de la culture, et c’est encore plus vrai lorsqu’elles sont situées dans l’Est et dans le Centre-Ville de Montréal. Les deux tiers des entreprises qui ont répondu au sondage estiment que faire des affaires en français ne constitue ni un fardeau financier ni une contrainte.
Au contraire, le français, disent-elles, leur permet de se bâtir une clientèle locale et de se positionner favorablement auprès de celle-ci. Il s’agit également d’un moyen de mieux intégrer leur personnel. Ainsi, les entreprises montréalaises qui font du français leur langue de travail contribuent positivement à la diversité et à l’intégration de l’immigration francophone dans la région. Une nuance toutefois : seulement 54 % croient que l’adoption du français accroît la productivité du personnel.
La francophonie au Canada et ailleurs
Au-delà de la Belle Province, le marché francophone en affaires représente un grand bassin d’opportunités dans le reste du Canada. Une étude menée par l’Observatoire de la francophonie économique soulignait récemment que l’économie des pays francophones croît en moyenne de 4 % par an depuis dix ans. Cela traduit le rôle croissant des pays francophones dans l’économie mondiale.
Par ailleurs, chaque dollar du PIB provenant de l’espace économique francophone canadien contribue à 1,52 dollar du PIB global du Canada. Le Québec, en particulier, joue ainsi un rôle de levier pour tout le pays. La même étude révèle que près de la moitié des entreprises québécoises ont des relations commerciales avec d’autres pays francophones. Plus précisément, 30 % des exportations québécoises sont destinées à des pays francophones.
Ces statistiques se révèlent éminemment intéressantes, lorsque l’on sait que 321 millions de francophones peuplent la planète, principalement en Afrique (51 % ) et en Europe (42 % ) , selon un rapport de l’Observatoire de la langue française (OLF) publié en 2022. Au Canada, on compte quelque 430 000 entreprises francophones qui représentent à elles seules près de 20 % du PIB du pays.
Des processus en cours
Près de la moitié des entreprises qui ont répondu au sondage BIP sont d’avis que le français pourrait, toutefois, être plus présent comme langue de fonctionnement dans leur établissement. Si les deux tiers d’entre elles effectuent leurs communications écrites et orales de la direction vers leur personnel en français, un peu moins de la moitié l’utilisent avec leur clientèle située au Québec et pour leur développement des affaires. Lorsque la clientèle est située à l’extérieur du Québec, les trois quarts des répondants s’expriment plutôt en anglais. Cela s’explique par quelques freins, dont le fait d’avoir une partie de leur clientèle ou de leur personnel qui n’est pas francophone.
Plusieurs structures ont exprimé, dans le cadre du sondage, leur intérêt à obtenir des outils ou de l’accompagnement qui leur permettrait de renforcer la présence du français comme langue de communication, de service ou de développement des affaires. Les outils les plus plébiscités sont l’aide financière pour prospecter des marchés francophones (46 %), des données démontrant la valeur ajoutée de l’utilisation du français dans leur secteur (45 % ) , des formations offertes aux gestionnaires et au personnel pour développer l’usage du français (45 %) ainsi qu’une trousse d’outils pour en accroître l’usage (45 % ) .
Dans ce contexte (et celui de la Loi 14), la Ville de Montréal s’est engagée à promouvoir et à protéger le français sur son territoire en se dotant d’un plan d’action en 2021, qui sera réactualisé en 2025. La métropole francophone des Amériques souhaite effectivement être exemplaire et inclusive en ce qui concerne l’usage de la langue française et en favoriser l’adhésion par les acteurs et actrices de l’écosystème entrepreneurial.