Adapter son offre de services : le défi de Miel Montréal

Défi d’entrepreneur | 21 août 2018

Miel Montréal a été fondée en 2012 avec pour vision d’appuyer l’apiculture urbaine. Mais voilà, il y a une limite au nombre d’abeilles à miel qu’une ville peut accueillir. Pour accroître ses revenus, la coopérative a éventuellement dû diversifier son offre, et se concentrer sur les activités qui avaient un réel impact sur la santé des abeilles et des pollinisateurs.

C’est par un concours de circonstances que Miel Montréal a vu le jour. En 2011, une poignée d’étudiants se regroupent afin de trouver des solutions pragmatiques en réponse à l’annonce de la disparition catastrophique des abeilles au Québec, relayée par les médias. Grand bien leur fasse, de grandes organisations montréalaises, notamment le Palais des Congrès, cherchaient justement un coup de main pour ajouter des ruches à leurs aménagements extérieurs.

« C’est de là vraiment que tout est parti », raconte Laura Charpentier, directrice générale de Miel Montréal.

À ses débuts, l’organisation propose de gérer les ruches d’institutions citadines intéressées par l’apiculture urbaine. « Au départ, on ne se questionnait même pas sur la quantité de ressources disponibles pour les abeilles, explique celle qui gère aujourd’hui la coopérative. L’idée, c’était d’amener des abeilles à miel en ville, mais ça a vite changé. »

Savoir faire évoluer son offre en tenant compte de son impact

Amener des milliers d’abeilles dans un nouvel écosystème allait nécessairement le perturber. « Les abeilles à miel font de la compétition aux autres pollinisateurs, explique la spécialiste. Ça inclue les 178 autres espèces d’abeilles sauvages déjà présentes à Montréal, ainsi que les autres insectes pollinisateurs indigènes (papillons, guêpes, mouches, coléoptères, etc.). »

« On a vécu une vraie crise existentielle, ajoute-t-elle. En faisant les choses sans réfléchir, on risquait de créer de nouveaux problèmes.» Suivant le principe de précaution, l’organisation décide rapidement de se limiter à la gestion d’une quarantaine de ruches. Après tout, la présence de milliers d’abeilles en ville était susceptible de perturber l’équilibre qui y règne déjà entre les différentes espèces.

Miel Montréal met alors un frein à ce qui constituait sa principale source de revenus. Impossible d’utiliser la gestion de ruches pour faire croître la coopérative. « On s’est retrouvé dans une situation où il fallait trouver de nouvelles activités cohérentes avec notre mission, et l’impact réel que l’on voulait avoir », se souvient Mme Charpentier.

Et les idées sont venues.

Proposer formation et éducation au sein de la coopérative

Vers 2013, Miel Montréal ajoute des cordes à son arc en ajoutant un volet éducation à son offre. La coopérative développe des ateliers afin d’informer la population sur les problématiques impliquant les insectes pollinisateurs et l’apiculture urbaine. Ces ateliers sont tantôt théoriques, tantôt pratiques.

« On se sert de l’apiculture urbaine comme d’une vitrine pour faire comprendre les différentes problématiques expliquant le déclin de la santé des pollinisateurs, explique Mme Charpentier. Après avoir participé à ces formations, certains abandonnent leur projet de ruche individuelle pour un projet collectif, ou vont s’intéresser à la préservation des insectes pollinisateurs indigènes. »
En plus de la soixantaine d’ateliers de sensibilisation que Miel Montréal organise dans une année et de ses formations théoriques, la coopérative a lancé un rucher-école en 2017. Cette formation de 115 heures s’étend sur 6 mois et accueille une vingtaine d’étudiants.

« Cette formation pratique permet à nos étudiants de rencontrer des spécialistes en biodiversité et de suivre un apiculteur expérimenté tout le long de la saison, sans avoir à acquérir de ruche individuellement », explique la directrice générale de Miel Montréal.

Maintenir le cap d’un impact positif en diversifiant ses opérations 

Par la diversification de ses opérations, la coopérative a ainsi trouvé une façon de maintenir le cap sur ses objectifs fondateurs. Elle étend aussi ses activités d'apiculture urbaine au-delà des frontières de Montréal. C'est ainsi qu'elle a dernièrement ajouté 6 ruches à Laval pour porter son total à 48. De ce nombre, 10 sont dédiées exclusivement aux activités éducatives de la coopérative. On est loin du total estimé sur l’île de Montréal qui avoisine les 1 000 ruches selon l'organisme.

« Au final, on veut avoir un impact positif sur le sort de tous les pollinisateurs, rappelle Mme Charpentier, que ce soit l’abeille à miel mais surtout les espèces indigènes du Québec. »

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La coopérative Miel Montréal est soutenue par PME MTL Centre-Est.

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