Bien planifier vos embauches pour la reprise des activités

Parole d’expert | 12 mai 2020

Les embauches et réembauches font partie des enjeux de la reprise des activités des entreprises. Said Benabdesselam, conseiller aux individus au service de placement en emploi à PME MTL Centre-Est, livre ses conseils à ce sujet.

Pour Said Benabdesselam, les opérations d’embauche et de réembauche en entreprise au moment de la sortie de crise devront être réfléchies, méthodiques et sans précipitation. Elles devront aussi être marquées du sceau de la rigueur à l’ère où les préoccupations sont grandes en matière de santé.

« La toute première condition sera le respect total des consignes de sécurité en santé ainsi que la transmission claire de celles-ci au personnel, explique-t-il. Puisque les conditions de l’avant-pandémie ne seront pas rétablies de sitôt, chaque entreprise devra rassurer ses candidats et futurs employés en leur montrant qu’elle maîtrise bien la situation et qu’elle applique avec rigueur toutes les règles établies. »

Prévoir une reprise lente

Les décideurs devront également bien faire leurs devoirs en amont en étudiant avec attention les candidatures reçues afin de pourvoir chaque poste. Malgré le contexte et la volonté de redémarrer les activités en grande, il faudra faire une analyse exhaustive de chaque candidature. Les vérifications usuelles resteront de mise, prévient Said Benabdesselam.

« La reprise sera lente, ajoute-t-il. Par conséquent, et comme les marchés seront imprévisibles et qu’ils vont fluctuer pendant une longue période, les entrepreneurs devront s’assurer qu’ils disposent d’assez de liquidités avant d’embaucher. » Le spécialiste juge qu’une analyse de la situation financière sera aussi essentielle, surtout pour les organisations qui offrent des produits de moindre nécessité. « Un détaillant de motocyclettes, par exemple, ne pourra pas s’attendre à ce que ses affaires redécollent du jour au lendemain. Il lui faudra donc poser les gestes en conséquence. »

S’adapter aux nouvelles réalités

Les plus récentes statistiques (17 % de chômage au Québec à la mi-mai) permettent de mesurer l’ampleur du très vaste bassin de main-d’œuvre devenu disponible en à peine quelques semaines. Malgré tout, Said Benabdesselam suggère aux décideurs, quand le temps sera venu, de favoriser d’abord le retour d’anciens employés.

Cela dit, il s’attend à ce que les pratiques et les politiques au travail ne soient plus les mêmes qu’avant la pandémie. Les aspects qualitatifs occuperont notamment une grande place, selon lui. « Pendant un certain temps, plusieurs personnes craindront encore de recourir au transport en commun à cause des risques de contagion. Dans ce contexte, plutôt que d’octroyer une banale augmentation de salaire, pourquoi une entreprise n’offrirait-elle pas une prime de transport afin de rassurer ses employés à cet égard? »

Dans un autre registre, l’expert évoque la flexibilité désormais requise pour accommoder des employés qui auront pris goût au télétravail. Ou encore, d’autres qui désireront plus de temps pour eux et qui ne voudront plus être en mode travail 35 ou 40 heures chaque semaine.

Si un employé souhaite davantage de télétravail, lui offrir un dollar de plus de l’heure n’y changera rien.

Investir dans l’épanouissement professionnel

« Trop souvent, l’on pense que le salaire fait foi de tout et qu’il suffit à rendre un employé heureux. Or, il faut davantage penser à l’ensemble des éléments qui composent la relation salarié employeur. Si un employé souhaite davantage de télétravail, lui offrir un dollar de plus de l’heure n’y changera rien. »

À cet égard, faire le nécessaire pour rendre un employé heureux, c’est un investissement, estime Said Benabdesselam. « Des employés satisfaits vont toujours en donner un peu plus à leur employeur. Ils seront proactifs et se promettent dans le but de faire prospérer l’entreprise. »

Pour lui, la période actuelle est justement plus propice que jamais à répondre aux besoins bien précis des employés. « Un employé malheureux au travail ou pris dans une routine ennuyeuse va souvent regarder les autres options qui s’offrent à lui sur le marché du travail. Or, avec la pandémie, de telles personnes disposent de plus de temps pour réfléchir à leur avenir. Il est donc nécessaire que les entrepreneurs s’attardent à stimuler leur intelligence émotionnelle plutôt que leur intelligence mécanique, entre autres en leur offrant des conditions gagnant-gagnant. »

Se préparer pour l’après-pandémie

De tels exemples démontrent qu’il y aura bel et bien un avant-pandémie et un après-pandémie dans les milieux professionnels et en affaires, résume Said Benabdesselam. Toutefois, l’observateur se montre optimiste pour l’avenir. « L’histoire nous a souvent démontré que l’intelligence humaine s’adaptait vite aux nouvelles réalités », indique-t-il, rappelant que PME MTL demeure bien présente auprès des entrepreneurs qui feront face à des enjeux d’embauche. « Notre site comporte une importante section consacrée à la gestion des ressources humaines en entreprise. On y offre des outils de soutien financier, de l’information à jour sur le marché du travail et des guides pratiques pour la gestion. »  

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Said Benabdesselam est conseiller aux individus au service de placement en emploi à PME MTL Centre-Est.

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