Quand des entrepreneurs se réunissent autour d'un enjeu collectif

Défi d’entrepreneur | 21 juillet 2021

Une collaboration entre six entreprises et des organismes locaux a donné comme résultat une installation avant-gardiste servant à la fois la population et les sociétés d’un quartier industriel du sud-ouest de l’île.

Enclavé entre le Canal-de-Lachine et le canal de l’Aqueduc, le secteur Cabot, situé dans l’arrondissement Le Sud-Ouest, est mal servi en matière de transport en commun, en plus de manquer de stationnements à vélos. Conséquence : la majorité des 1000 travailleurs qui s’y rendent chaque jour recourent à la voiture en solo. Devant un tel constat, PME MTL Grand Sud-Ouest a rassemblé les entreprises qui y sont établies pour discuter de cet enjeu et envisager des solutions.

L’attraction et la rétention des employés devenaient aussi des problèmes en raison de l’accessibilité, explique Kaïla Munro, commissaire industriel et initiatrice du projet. Par conséquent, nous avons collectivement élaboré un projet visant à convertir des automobilistes en cyclistes.

Une étude menée en 2018 par Voyagez Futé avait d’ailleurs démontré que le secteur gagnerait en attractivité aux yeux des employés si des initiatives favorisant le transport durable étaient mises en place. Ainsi, 28 % des participants au sondage employaient leur bicyclette l’été et 6 % l’hiver. Toutefois, plus d’un sur trois (35 %) déplorait le manque de supports à vélo.

Installation nouveau genre

La première mesure issue de l’exercice est l’aménagement d’un lieu invitant pour les cyclistes et les piétons. Concrètement, il s’agit d’une installation nouveau genre de supports à vélos, implantée à la mi-juillet, qui vise à encourager l’utilisation du vélo comme moyen de transport quotidien des employés du secteur. Bonifiée pour servir aussi de lieu de rassemblement et de détente, la structure devient le point de rencontre du Messorem Cycle Club, qui organise des sorties chaque semaine. De plus, on aimerait éventuellement y offrir une borne d’outils, des ateliers de réparation de vélos, une station de recharge pour vélos électriques, etc. 

Outre sa fonction utilitaire, l’installation s’interprète comme une sculpture abstraite qui met en valeur l’héritage du quartier industriel longeant le Canal-de-Lachine. Elle symbolise le cycle de renouveau du secteur : en reliant par un filon des machines manufacturières d’époque à des imprimantes 3D, on représente le virage numérique du domaine industriel. En somme, le passé, le présent, l’avenir et la modernité s’y rencontrent.

Ce projet concrétise et illustre notre vision du corridor d’innovation industriel et du développement économique local, indique Kaïla Munro. Je suis convaincue que le modèle collaboratif mis en place ici pourrait être dupliqué dans d’autres quartiers de Montréal afin d’implanter des solutions à des problématiques communes.

Expertises réunies

Le projet de mobilité active Cabot est le fruit de la collaboration de :

Chacun y a apporté sa contribution, tantôt en fabrication, tantôt en fournissant le terrain, en livrant une expertise liée au vélo ou en produisant le mobilier. Le savoir-faire local est ainsi à l’honneur. 

Les entreprises participantes sont novatrices, indique Kaïla Munro. Par conséquent, la structure va plus loin que sa vocation pratique. Elle contribue à créer un milieu de vie dans un coin où il fait bon travailler et se divertir.

Effet d’entraînement

Statistiquement, l’objectif est de faire passer de 20 % à 25 % le taux d’emploi de la bicyclette parmi les travailleurs. Dans l’esprit communautaire qui la caractérise, l’installation située à l’angle des rues Saint-Patrick et Pitt servira aussi aux utilisateurs de la piste cyclable du Canal-de-Lachine (située à moins de 30 mètres) et aux citoyens du quartier.

« Si le Canal-de-Lachine est favorable aux piétons et aux cyclistes, ce n’est pas le cas de la rue Saint-Patrick, déplore Lindsay Slater, de Galvion. Nous espérons que l’amélioration d’une partie de cette artère amorcera un mouvement d’autres formes de déplacement. »

De manière plus globale, Steven Ouellet d’Atelier Gris, souhaite qu’une telle initiative inspire d’autres entreprises et organisations à aménager des espaces du genre. « Une culture locale où les entrepreneurs rendent leur milieu de vie encore plus attrayant qu’à leur arrivée ne peut qu’être favorable pour le vivre ensemble, l’amélioration de notre ville et le bien-être des citoyens et employés y circulant. »

Marc-André Filion, cofondateur et copropriétaire de Messorem Braciterium, va plus loin en évoquant la fierté ressentie par chaque participant à bonifier son milieu. « Je retiens de ce projet le travail et la fraternité des entreprises, dit-il. Nous avons tous pris de notre temps personnel pour créer ce projet. Chacun avait à cœur d’apporter du beau dans le district Cabot, un quartier presque abandonné auparavant. Maintenant, nous avons le sentiment de le faire renaître et de le voir grandir. »

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