Lorsqu’on pense à exporter son produit, on songe habituellement à le distribuer à l’international. Percer le marché américain, européen ou asiatique, c’est l’objectif de bon nombre d’entrepreneurs. Ce que certains oublient toutefois, c’est qu’un vaste bassin d’acheteurs souvent inexploité existe à proximité — un marché qui a beaucoup moins de barrières à l’entrée que d’autres : le « ROC » (Rest of Canada), c’est-à-dire l’ensemble des provinces canadiennes à l’extérieur du Québec.
Minimiser les risques
Il y a parfois des événements imprévisibles qui viennent chambouler le commerce international. Ç’aura été le cas de la pandémie de coronavirus, qui a profondément affecté la chaîne d’approvisionnement. Tant l’import que l’export s’en sont retrouvés bouleversés. La pandémie nous a donc poussés à encourager le commerce local — et bien qu’on ait fortement insisté sur les produits du Québec, le Canada demeure notre pays et l’argument local peut être utilisé à travers les autres provinces.
Le Canada doit être privilégié comme marché et ce, encore plus aujourd'hui où il faut encourager nos entreprises. Je suis tellement reconnaissante d'avoir choisi d'investir hors Québec et au Canada. C'est un marché en pleine expansion qui nous a permis d'optimiser notre retour sur investissement.
— Anie Rouleau, Fondatrice & Présidente, The Unscented Company
De plus, le marché canadien comporte moins de risques pour une entreprise que lorsqu’elle se développe hors du Canada. Faire des affaires à l’international est certes excitant, mais en traitant avec des acheteurs qui utilisent d’autres devises, il peut y avoir des variations défavorables du taux de change. Des barrières peuvent également se mettre en place de manière inattendue, selon les humeurs des gouvernements étrangers. On l’a vu par exemple quand les États-Unis ont imposé une surtaxe sur l’aluminium, en 2020.
Aussi, il ne faudrait pas oublier que les douanes ajoutent une couche de complexité à toute transaction. Lorsqu’on exporte un produit à l’international, il faut s’assurer de respecter des critères douaniers très précis, ce qui n’est pas le cas quand on reste au Canada. Enfin, l’absence de différences culturelles entre les Provinces offre un immense atout à nos entreprises lorsque l’on songe au coût nécessaire afin d’adapter son produit ou sa communication à la région que l’on cible.
Ne sous-estimez pas les plus petits marchés. Ceux-ci sont souvent négligés par les compagnies étrangères. Ils n'offrent peut-être pas le potentiel attrayant des grandes métropoles, mais la pénétration de marché peut y être beaucoup plus facile et rapide. Il vaut parfois mieux une grosse pointe d'une petite tarte qu'une micro-pointe d'une très grande tarte, surtout si on peut y accéder plus rapidement et à moindre coût.
— Frank Godbout, Président, EffectiV HVAC
L’ALEC et la simplicité
Depuis 2017, l’ALEC est en vigueur. C’est un accord qui vise à se débarrasser des barrières au commerce entre les provinces et ainsi mettre en place un environnement d’affaires plus prévisible. La partie la plus visible de cet accord est d’harmoniser la réglementation entre les provinces. Il a également comme objectif de favoriser l’accès aux appels d’offres des compagnies canadiennes : certains barèmes ont été modifiés et avantagent nos entreprises par rapport à leurs concurrentes internationales, par exemple en offrant des seuils d’accès beaucoup plus bas aux entreprises d’ici dans ces appels à candidatures.
L'Ontario représente le double du potentiel du Québec pour notre entreprise. De plus, la distance géographique a un impact important sur nos marges bénéficiaires et le fait d’avoir un marché aussi grand juste à côté de chez nous et à l’intérieur de nos frontières nationales est une opportunité incroyable pour nous et pour toutes les PME québécoises.
— Martin Tessier, Président, Plastidecoverre
Les subventions à l’export : le saviez-vous?
Les subventions à l’export, ce sont des méthodes de soutien qui existent pour aider nos entreprises dans leur plan tactique. Plusieurs pensent qu’elles ne concernent que l’exportation internationale, mais non : on peut également s’en servir pour exporter à l’intérieur du Canada.
Ainsi, avec Investissement Québec, nos entrepreneurs peuvent avoir accès à des subventions en argent, ou encore à de l’aide dispensée gratuitement par les bureaux du Québec dans chacune des provinces. Ceux-ci offrent des services de différentes natures à nos PME, y compris la mise en relation avec des acheteurs (qu’on appelle en anglais meet the buyers). Ce coup de pouce précieux peut faciliter la rencontre d’acheteurs potentiels et de détaillants.
Juste de l’autre côté de la rivière des Outaouais se trouve un important marché ouvert, stable, fiable, sans frontière et avec une monnaie commune. Les opportunités sont grandes et nous sommes là pour aider les entreprises à en tirer le maximum.
— Catherine Tadros, Cheffe de poste, Bureau du Québec à Toronto
Et du potentiel, il y en a énormément, dans le reste du Canada. Quand on pense au fait que Toronto est la quatrième ville la plus peuplée en Amérique du Nord, soudainement, on réalise que nos voisins anglophones sont plutôt intéressants!
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Cet article a été écrit avec l’aide de Xavier Paillon, Directeur développement de marchés à PME MTL.