Même si on entend de plus en plus souvent parler d’économie sociale, peu de gens savent quels en sont les avantages concrets. Voici quelques-uns de ses atouts qui gagnent à être mieux connus.
L’économie sociale est un vecteur de transformation sociale
Par leur nature, les entreprises d’économie sociale agissent pour le bien commun. « Elles ont une mission sociale et une véritable vie démocratique. Elles ont aussi tendance à réduire les inégalités », souligne Marc Nisbet, Directeur, service-conseils et financement en Économie sociale, PME MTL Centre-Est.
Les jeunes générations d’entrepreneurs sont par ailleurs sensibles aux enjeux actuels et s’intéressent de plus en plus à l’économie sociale, un modèle qui répond aux besoins des collectivités. On retrouve aujourd’hui davantage d’entreprises d’économie sociale actives dans le secteur des technologies, de la culture ou des services professionnelles par exemple.
De plus, en économie sociale, les entreprises sont créées pour répondre à un besoin réel. « Elles ne cherchent à générer de nouveaux besoins ni de la demande pour de nouveaux produits. Ce faisant, elles vont ainsi à contre-courant du phénomène de surproduction et de surconsommation », fait valoir Marc Nisbet.
L’économie sociale permet de conjuguer viabilité économique et équité sociale
C’est effectivement l’une des caractéristiques des entreprises d’économie sociale. « Prenons l’exemple des centres de la petite enfance (CPE), qui sont des organismes sans but lucratif du secteur de l’économie sociale. Leur déploiement dès 1997 a permis à 70 000 femmes d’accéder au marché du travail, ce qui a aussi permis de générer beaucoup de richesse pour la société québécoise. On estime d’ailleurs celle-ci à 1,5 milliard $ », illustre Marc Nisbet.
Bien que ce modèle ait pu être critiqué parce qu’il s’agit d’organismes subventionnés, il n’en reste pas moins que les CPE ont rapporté le double en termes de retour sur investissement.
Le capital social offre certaines garanties
Investir dans une entreprise en économie sociale permet de s’assurer que les retombées restent au niveau local. On évacue ainsi les risques de délocalisation tout en faisant en sorte que les impacts internes et externes bénéficient à la communauté. On peut penser au Cinéma Beaubien qui participe activement à la diversité de l'offre de films d'art et essai, tout en permettant d'accroître l’audience du cinéma d'auteur à Montréal, et ailleurs au Québec. Ou encore à Cyclochrome qui, depuis 2008, répare les vélos libre-service de BIXI Montréal et les bicyclettes de la brigade de sécurité à vélo du SPVM. Au total, ce sont plus de 20 000 réparations que l’entreprise d’économie sociale réalise annuellement.
Le conseil d’administration joue un rôle de gardien
Dans ce modèle de gouvernance, le conseil d’administration veille sur la mission sociale de l’entreprise et le concept de vie associative. Il s’assure que l’organisation remplisse effectivement le mandat qui justifie sa raison d’être, c’est-à-dire qu’elle répond aux besoins de ses membres et de la communauté qu’elle dessert.
Et ça fonctionne ! Ainsi, plus de 60 % des entreprises en économie sociale sont toujours actives et bien vivantes cinq ans après leur lancement, comparativement à 30 à 35 % dans le secteur privé. Cette longévité s’explique essentiellement par ces deux facteurs : l’enracinement fort dans le milieu et la gestion collaborative.
Précisons qu’il existe environ 11 000 entreprises en économie sociale au Québec, qui regroupent 200 000 salariés et 13 millions d’adhérents.
Le modèle mis de l’avant par l’économie sociale est plus inclusif
Plusieurs entreprises d’économie sociale visent à faciliter l’accès au travail des personnes plus vulnérables. On peut penser aux entreprises d’insertion comme Collection Innova, Pro-Prêt ou aux Compagnons de Montréal, un OBNL qui favorise la promotion et l'autonomisation des personnes différentes et qui vise à offrir des milieux de vie, d'apprentissages et d'inclusion stimulants pour adultes vivant avec une déficience intellectuelle ou un trouble du spectre de l'autisme.
Ainsi, peu importe les limitations, l’âge ou le statut, tout le monde y trouve sa place.
Les entreprises d’économie sociale favorisent l’autonomie
Soulignons en premier lieu que lorsqu’on parle d’autonomie, on parle d’absence de contrôle externe, d’autonomie de gestion et de décision, ainsi que d’autogestion démocratique, notamment.
Marc Nisbet remarque que pour plusieurs communautés marginalisées ou qui se sentent dépossédées de leur pouvoir décisionnel, le fait d’avoir accès à des postes au sein du conseil d’administration d’entreprises d’économie sociale les aide à développer un sentiment d’empowerment.
« Je pense aux aînés par exemple, qui peuvent avoir l’impression d’être mis de côté et délaissés par la société. Ou encore aux jeunes qui pensent qu’ils n’ont pas leur mot à dire. En s’impliquant dans des organismes en économie sociale, ils retrouvent une certaine autonomie et ont la capacité de faire des choix », indique-t-il. Un engagement qui est assurément porteur de sens et de retombées positives.