Lancer une entreprise d’économie sociale : six étapes clés

Parole d’expert | 22 oct. 2020

Au Québec, on assiste actuellement à une vague d’engouement pour les projets entrepreneuriaux qui s’inscrivent dans le courant de l’économie sociale. Ce qu’on entend par là, c’est un projet collectif qui a une mission sociale visant à résoudre une problématique existante et qui réussit à conjuguer viabilité économique et équité sociale. L’entreprise d’économie sociale se distingue de l’entreprise privée parce que son capital est social : propriété collective, elle ne peut être vendue entre deux individus dans une optique purement lucrative. Le cas de Mountain Equipment Coop illustre d’ailleurs cette distinction, elle s’inscrivait dans le paysage comme un cas d’exception extraordinaire! 

Les projets de ce type ne se développent pas tous de la même manière, d’une façon linéaire, mais on peut quand même identifier des étapes communes importantes à leur succès. En voici six.

1. Définir son projet

Ça peut paraître élémentaire, mais avant de démarrer, il faut d’abord avoir un projet entrepreneurial clair. Ce qu’il ne faut surtout pas oublier, c’est que si on se lance dans ce genre d’entreprise, la mission est double : il faut proposer une vocation sociale, mais également concevoir une offre viable qui propose la vente de biens ou services. Est-ce que les gens (villes, écoles, parents, aidants naturels ou autres) vont acheter votre solution pour le besoin social identifié ? C’est la question primordiale qu’il faut se poser.

2. Bâtir son équipe

Les promoteurs du projet doivent être choisis avec beaucoup de soin pour assurer le succès de l’entreprise. Le groupe fondateur doit essentiellement rassembler quatre compétences clés. D’abord, l’équipe a besoin d’un producteur, capable de produire le bien ou le service offert. Ensuite, il faut compter un promoteur qui a le savoir-faire pour vendre ce que la compagnie offrira. En troisième lieu, on cherchera un administrateur au profil méticuleux, qui n’a pas peur de la paperasse et est très organisé. Enfin, un diplomate, adroit dans les relations interpersonnelles et pour régler les conflits, est un atout essentiel.

3. Choisir sa structure légale

Dès les débuts, on doit décider de l’organisation juridique de l’entreprise : sera-t-elle constituée comme COOP, ou comme OBNL ? Bien des distinctions sont à faire entre les deux formes. Pour ceux qui ont du mal à y voir clair, la boussole entrepreneuriale est un outil fort utile. Le Réseau Coop offre d’ailleurs des ateliers qui pourront vous offrir un éclairage sur la question, et évidemment, les experts en économie sociale de PME MTL peuvent également vous guider dans le choix de votre structure. Finalement, les doubles structures (une entreprise privée d’un côté pour générer des profits et un OBNL de l’autre côté pour accéder aux subventions) sont à éviter pour accéder au financement de PME MTL.

4. Créer son réseau

Faire connaître son projet est une étape cruciale de son développement. Pour ce faire, le réseautage s’impose : il faudra d’abord chercher du soutien, former des alliances et créer des associations avec les joueurs clés de son industrie. De plus, l’écosystème de l’économie sociale en soi n’est pas à négliger. Établir des relations au sein de cet univers est fondamental pour être bien entouré

5. Structurer sa gouvernance

Un bon conseil d’administration doit chapeauter le projet. En économie sociale, on travaille en équipe et on veut s’assurer que la mission initiale sera préservée coûte que coûte. Souvent, les avocats, les comptables et les gens d’affaires en général ont des profils pertinents, mais ce qu’on cherche surtout, ce sont des membres expérimentés qui seront là pour garder le cap sur la vocation de l’entreprise, peu importe les circonstances qui se présentent.

6. Développer son plan d’affaires

Finalement, le nerf de la guerre, c’est vraiment de se doter d’un plan d’affaires solide qui conjuguera les missions sociale et économique de l’entreprise. Le projet doit être financièrement viable et générer des revenus marchands. Les dons de fondations et les subventions gouvernementales peuvent de manière ponctuelle compléter le financement.

Une fois toutes ces étapes derrière soi, on peut enfin passer au lancement : le moment tant attendu où les idées évoluent du papier à la réalité, et où l’aventure commence pour de bon. Bonne chance !

--

Cet article a été réalisé avec la collaboration de Jason Prince, Directeur – Services-conseils et financement – Économie sociale, à PME MTL Centre-Ville.

Recevez nos contenus exclusifs par courriel