Tennis Canada mise sur l’écoresponsabilité
Saviez-vous que, selon une étude du Conseil québécois des événements écoresponsables, nous générons cinq fois plus de déchets lors d’un événement qu’à la maison? Pire encore, en moyenne, 50 % des déchets produits sur le site d’un événement ne sont ni recyclés ni compostés[i].
Heureusement, il existe plusieurs solutions que peuvent mettre en place les entreprises montréalaises du secteur événementiel afin de remédier à cette fâcheuse tendance.
Avec Geneviève Marchand, directrice, Stade IGA, de Tennis Canada, nous discutons des initiatives écoresponsables instaurées par l’organisme sportif d’envergure ainsi que des défis et des avantages qui y sont liés.
Des idées éco-innovantes appuyées par tous les paliers
À l’avant-garde dans son domaine, Tennis Canada s’est doté d’une politique de développement durable en 2007. Depuis, l’organisation a mis en place une panoplie de mesures novatrices permettant de réduire l’empreinte environnementale de ses événements, notamment du populaire Omnium Banque Nationale qui se déroule tous les ans au Stade IGA du parc Jarry.
Au premier plan de ces initiatives, figure le tri intensif des déchets visant à réduire la quantité de résidus par personne. « Nous avons un centre de tri sur le site de l’Omnium et embauchons des jeunes qui aident le public à trier les matières, » explique Geneviève Marchand.
Selon la directrice, cette approche permet non seulement d’atteindre un taux de valorisation de 75 à 80 % des matières résiduelles générées par le tournoi, mais aussi d’accroître l’impact communicationnel. « Les jeunes que l’on forme pour le tri adopteront assurément cette habitude dans leur vie de tous les jours. »
Autre facteur non négligeable des répercussions écologiques des événements : le transport des participants et participantes. À cet égard aussi, Tennis Canada fait preuve de leadership.
L’organisme remet à l’ensemble de son personnel, bénévoles inclus, des laissez-passer de la STM en plus de promouvoir activement le transport collectif auprès du public. Sans compter les voitures officielles utilisées lors du tournoi qui sont des modèles hybrides et le transport des athlètes sur le site qui se fait en voiturettes électriques.
« Tout cela est ancré dans les valeurs et dans l’ADN de l’organisation. Certaines initiatives engendrent parfois des pertes de revenus, mais ce sont des choix que nous assumons et qui sont approuvés par la haute direction. », admet Mme Marchand.
Pour Isabelle Kaliaguine, propriétaire du cabinet de design d’événements écoresponsables Kaliaguine, si l’application des mesures est si efficace chez Tennis Canada, c’est parce qu’elles sont intégrées aux objectifs de l’entreprise et appuyées par tous les paliers de l’entreprise.
La designer a eu l’occasion de travailler avec l’équipe de Mme Marchand dans le cadre de la valorisation de bannières et de matériel de signalisation de l’Omnium. Ceux-ci ont été transformés en paniers pour les athlètes, en poches pour les pesées de sable destinées à l’aménagement du site, en protecteurs pour les sièges, en nappes et plus encore.
« Dès le départ, Tennis Canada nous a considérés comme un vrai partenaire, affirme Mme Kaliaguine. Nos propositions étaient acceptées par tous les services et c’est ce qui nous a permis d’avancer si efficacement. »
La tâche n’est pas toujours si simple, toutefois. En 2019, Tennis Canada a fait l’achat de fontaines d’eau afin d’éliminer la vente de bouteilles en plastique sur le site de l’Omnium – une décision qui n’a pas été facile à annoncer à l’un des partenaires commerciaux du tournoi, se souvient Mme Marchand.
« Il y a des situations qui sont plus délicates et c’est là que c’est primordial d’avoir l’aval des gens qui tiennent les cordes de la bourse. Les idées viennent d’en bas, mais il faut qu’elles se rendent jusqu’en haut pour assurer leur adoption par tous les membres de l’entreprise. »
Des coûts amortis par l’attrait
Les coûts sont certainement le plus gros défi lié à l’organisation d’événements écoresponsables. Il y a la formation, le matériel, l’aménagement, le temps consacré à la mise en place de projets; tout cela peut peser lourd dans le budget d’un événement.
Mais, au-delà de leur impact positif sur la planète, les mesures écoresponsables comportent de nombreux avantages. « Chaque année, on réalise un sondage auprès du public et l’importance accordée aux initiatives écoresponsables ressort toujours dans les principales priorités, bien avant le stationnement et la propreté du site, par exemple », constate la directrice de Tennis Canada.
En effet, selon une étude de la firme Nielsen, 75 % des personnes appartenant à la génération des millénariaux sont conscientes de l’environnement au point de changer leurs habitudes de consommation afin de privilégier les produits écoresponsables[ii]. Les changements climatiques faisant partie de leurs principales préoccupations, les millénariaux sont également nombreux à choisir leur employeur en fonction de son engagement écologique[iii].
« Nos initiatives écoresponsables sont un attrait pour les personnes détentrices de billets, pour le personnel qui développe un sentiment d’appartenance et de fierté et pour les partenaires à qui l’on offre l’opportunité de commanditer des services à valeur ajoutée. Et, on le voit même sur les réseaux sociaux, les publications qui portent sur ces initiatives sont toujours très populaires. »
Le maillage pour augmenter la faisabilité des initiatives
Pour réduire les coûts des mesures et maximiser leur impact environnemental, l’équipe de Tennis Canada mise également beaucoup sur la récupération de matériaux ainsi que sur le prêt et le don de mobilier à d’autres événements.
« Nous avons emprunté du mobilier à un restaurant du quartier et réutilisé les barils industriels de l’entreprise Hagen Inc. sous la forme de vidoirs pour les bouteilles et les verres réutilisables, par exemple. Nous avons aussi remis des bannières à un OBNL, Jeunes Marins Urbains, qui utilise la construction navale artisanale et la navigation sur le fleuve St-Laurent comme outil de rapprochement social et maritime », illustre Mme Marchand.
Rendu possible grâce à l’initiative Synergie Montréal, propulsée par PME MTL Est-de-l’Île, ce maillage entre les entreprises contribue à augmenter la faisabilité des initiatives. D’ailleurs, selon mesdames Kaliaguine et Marchand, la clé pour tirer son épingle du jeu, c’est de savoir bien s’entourer.
Parmi les ressources pouvant soutenir les entreprises événementielles dans leur démarche, il y a notamment le Conseil québécois des événements écoresponsables et PME MTL dont le rôle est d’analyser la vision et les besoins des entreprises pour ensuite les orienter vers les bonnes expertises dans l’écosystème.
Le dossier de la mise en place de mesures écoresponsables traîne sur le coin de votre bureau depuis trop longtemps? « Allez chercher de l’aide, conclut Mme Marchand. Ce sera payant! »
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