L’économie circulaire en action : trois PME montréalaises qui montrent la voie

Parole d’expert | 29 octobre 2024

Depuis le début des années 2000, l’économie circulaire émerge comme une réponse essentielle aux défis environnementaux et économiques actuels. Contrairement à l’économie linéaire classique – qui suit le schéma « extraire, fabriquer, consommer, jeter  » –, l’économie circulaire vise à réduire la consommation de matières premières, à prolonger la durée de vie des produits et à réutiliser les matériaux. Ce modèle propose une approche plus durable et résiliente pour gérer nos ressources limitées tout en favorisant une croissance économique équilibrée. 
 
À Montréal, trois PME membres du réseau Synergie Montréal se distinguent par leur engagement envers l’économie circulaire. Voici comment elles mettent en pratique ce modèle innovant. 

Insertech, l’insertion socioprofessionnelle en boucle depuis 1998

Insertech est un acteur clé de l’économie circulaire à Montréal, œuvrant depuis 1998 pour l’insertion socioprofessionnelle des jeunes adultes de 18 à 35 ans. L’organisme se spécialise dans le réemploi de matériel informatique, offrant aux jeunes la possibilité de se former tout en contribuant à la réduction des déchets électroniques. 
 
Saad Sebti, coordonnateur marketing et développement, explique : « Nous récupérons le matériel informatique auprès de grandes entreprises ou institutions avec un fort taux de rotation. Les étudiants d’Insertech nettoient et reconditionnent ces appareils, puis ils sont revendus à prix avantageux dans notre boutique de Rosemont, en ligne et sur d’autres plateformes. » 

En 2023-2024, Insertech a traité près de 30 000 appareils, dont 6 821 ont été reconditionnés et revendus. Ce processus a permis de détourner 106,5 tonnes de matières de l’enfouissement, d’éviter 174 millions de tonnes de CO2 et de préparer 48 jeunes à intégrer le marché du travail.

Le succès d’Insertech repose sur trois facteurs essentiels : la disponibilité de main-d’œuvre, un approvisionnement stable et divers débouchés de vente. Grâce à l’initiative « L’économie sociale : j’achète ! » du CESIM, Insertech a établi des partenariats importants avec la STM et Hydro-Québec. Pour faire face à l’arrivée massive de matériel en provenance de ces organisations d’envergure, l’organisme a diversifié ses débouchés en collaborant avec Club Boomerang et envisage de travailler avec le réseau Coopsco pour mettre à la disposition des étudiants et étudiantes de partout au Québec des appareils informatiques à la fois de qualité et bon marché. 
 
Saad précise : «  En économie circulaire, l’approvisionnement, c’est le nerf de la guerre, mais il est aussi essentiel de diversifier ses débouchés pour réussir à écouler le matériel.  »

Unel, revaloriser les textiles en accessoires utiles 

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Anaëlle Nedelec a travaillé cinq ans comme ingénieure biomédicale avant de se lancer en affaires. Ce sont ses passions pour l’humain, pour la planète et pour la couture qui l’ont amenée à faire le grand saut. Aujourd’hui, avec son entreprise Unel, elle se consacre à la transformation de vêtements ou de tissus abimés en jolis accessoires de mode ou de maison pour réduire l’impact énorme de l’industrie textile sur l’environnement. Elle tient également un atelier boutique dans lequel elle offre des cours de revalorisation ou de réparation des vêtements. 
 
« Avec Unel, je souhaite montrer qu’on peut faire de belles choses avec nos vieux vêtements. La poubelle n’est pas la seule option ! » explique Anaëlle. 
 
En plus de recevoir les vêtements usagés de particuliers, Unel s’alimente en textiles auprès d’entreprises locales, comme l’auberge Saintlo. La condition ? Que les articles ne soient plus utilisables tels quels et qu’ils puissent être reconvertis en accessoires pratiques. Avec les draps-housses de l’auberge, Anaëlle a fabriqué des masques de sommeil pour les clients de l’établissement. Elle a également réalisé des chapeaux pour le Rugby Club de Montréal à partir de vieux maillots. Un exercice particulièrement gratifiant, confie-t-elle. 
 
Anaëlle souligne l’importance de l’attachement aux vêtements dans le processus de revalorisation : « Recevoir des vêtements chargés d’histoire, comme les maillots du Rugby Club, ajoute une dimension émotionnelle qui rend le travail encore plus gratifiant. » 
 
L’entrepreneuse fabrique aussi beaucoup de chouchous, de bouillottes, de chapeaux et de porte-ustensiles. Dans tous les cas, elle s’assure de fabriquer des accessoires qui répondent à un besoin qui existe déjà. Elle conseille d’ailleurs aux gens qui souhaitent démarrer une entreprise en économie circulaire de bien connaître les différents acteurs de leur écosystème, y compris leurs besoins : « Créer de nouveaux besoins est compliqué et va à l’encontre des principes de l’économie circulaire. » 

Simplex, un modèle qui met le partage à l’honneur

Fondée en 1907, Simplex met à la disposition des particuliers et des entreprises un coffre de plus de 55 000 différents outils offerts en location. Précurseure de l’économie circulaire ou, plus précisément, de l’économie de partage au Québec, l’entreprise familiale facilite l’échange de biens, réduisant ainsi les coûts pour la clientèle tout en optimisant l’utilisation des ressources existantes. 
 
Aujourd’hui, le modèle d’affaires de Simplex s’inscrit parfaitement dans la montée du développement durable, ce qui, selon Adriana Borrero, chef de performance de catégorie et développement durable, « tombe très bien pour la suite des choses ».  
 
« Dans les dernières années, nous avons entamé une démarche de développement durable, notamment dans le but d’aider l’industrie de la construction à avancer dans la bonne direction. » 
 
Parmi les initiatives lancées dans le cadre du plan écoresponsable de Simplex, il y a l’électrification de plus de la moitié des équipements, l’utilisation d’huile biologique, la revente des équipements en fin de cycle à l’encan et une politique d’approvisionnement qui pousse les fournisseurs à proposer des solutions plus durables. 
 
« Nous voulons démontrer que l’économie de partage est un modèle pérenne qui permet de résoudre plusieurs défis d’avenir. Cela dit, le succès du modèle repose sur l’engagement de toutes les parties prenantes, des propriétaires aux fournisseurs en passant par les employés. C’est pour cela que nous avons mis en place des mesures qui stimulent cet engagement.  »

Boucler la boucle : la rentabilité en économie circulaire 


Les bienfaits de l’économie circulaire pour l’environnement sont évidents, mais qu’en est-il de sa rentabilité à long terme ? Daphné Mongeau, conseillère en pratiques responsables, durables et circulaires de PME MTL Est-de-l’Île, souligne trois éléments clés pour assurer la rentabilité d’une entreprise en économie circulaire : commencer par des projets pilotes à petite échelle, établir des collaborations locales pour optimiser l’utilisation des ressources et mesurer et communiquer ses impacts positifs à l’aide de données chiffrées pour obtenir le soutien des parties prenantes. 
 
En somme, bien que le retour sur investissement puisse être plus lent, les entreprises qui adoptent l’économie circulaire peuvent non seulement réduire leur impact environnemental, mais aussi réaliser des bénéfices financiers significatifs à long terme.

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