Financer son projet d’économie sociale

Parole d’expert | 4 nov. 2021

Le financement se trouve au cœur de tout projet d’économie sociale. Heureusement, plusieurs programmes et institutions fournissent l’appui nécessaire au démarrage ou au développement de ces entreprises.

Pour les projets basés à Montréal, le réseau PME MTL constitue la porte d’entrée privilégiée vers le financement et l’accompagnement. En 2020, PME MTL a investi plus de trois millions de dollars du Fonds de développement en économie sociale dans 399 entreprises à vocation sociale.

Les subventions dans ce programme varient de 5 000 à 50 000 dollars. Elles peuvent couvrir les dépenses en capital (ex. : terrain, bâtisse, équipement, frais d’incorporation), l’acquisition de technologies, le fonds de roulement et les honoraires professionnels.

Les demandeurs doivent démontrer que les revenus issus de la vente de produits ou services équivalent à au moins 20 % des revenus annuels de leur organisation, par exemple dans le cas d’un organisme à but non lucratif (OBNL) qui reçoit également du financement public. Ils doivent aussi fournir une mise de fonds, généralement fixée à un minimum de 20 % du coût total du projet.

« Ces projets peuvent être admissibles à des subventions ou des prêts de nos autres fonds », précise Jean-François Lalonde, directeur général de PME MTL Centre-Est.

Travail d’équipe

PME MTL évalue les projets en tenant compte de la qualité du plan d’affaires et de la solidité de ses promoteurs. Dans le cas de prêts, la capacité de rembourser est aussi analysée. « Cela dit, l’objectif de financer ce type de projets reste d’atteindre une finalité sociale et non de réaliser du rendement, donc nous pouvons nous montrer plus patients que les banques privées », poursuit Jean-François Lalonde. Lorsqu’un projet présente certaines lacunes, PME MTL peut assurer un accompagnement ou référer les entrepreneurs à un organisme de soutien. 

En règle générale, PME MTL n’embarque pas seul dans ces montages financiers. Parmi ses partenaires les plus fréquents, on retrouve la Fiducie du Chantier de l’économie sociale, Filaction, le Réseau d’investissement social du Québec (RISQ) et la Caisse d’économie solidaire Desjardins.

La Caisse d’économie solidaire finance des projets rendus à l’étape du développement et de la consolidation. « Nous agissons comme banquier de l’économie sociale », résume Janek Thibault, directeur au développement des affaires. La Caisse prête l’argent de ses membres. Elle accorde donc une grande attention à la capacité de rembourser et exigera certaines garanties. Celles-ci peuvent porter sur les comptes clients, des immeubles ou de l’équipement, par exemple. Les montants des prêts varient de quelques dizaines de milliers à plusieurs millions de dollars.

L’ancrage d’un projet constitue un critère d’évaluation très important pour cette institution financière. Le modèle d’affaires proposé doit répondre à un réel besoin collectif. Cela indique que le produit ou service sera utilisé par la communauté et qu’elle soutiendra la réussite du projet. « On peut penser à des parents qui veulent se donner un service de garde, par exemple, illustre Janek Thibault. On sait que les parents, ainsi que les éducateurs et éducatrices se mobiliseront. »

Des avenues innovantes

La Caisse procède ensuite à l’analyse du dossier financier. « Une entreprise d’économie sociale affronte des défis très similaires à ceux d’entreprises privées, notamment sur le plan de la génération des revenus, de l’équilibre des dépenses et de la disponibilité de la main-d’œuvre, donc nous examinons tout cela, mais avec une perspective sociale. »

Son évaluation diffère donc sur certains points de celle des banques privées. Par exemple, ces dernières voient les subventions publiques comme un risque. Elles n’aiment pas qu’une entreprise qu’elles financent dépende en grande partie d’ententes de services avec l’État. La Caisse considère plutôt ces subventions comme une source de revenu intéressante, puisqu’un ministère paie l’organisme pour qu’il réalise sa mission.

D’autres innovations sont apparues au fil des ans pour appuyer le financement des projets d’économie sociale. Le financement participatif, ou sociofinancement, est l’une d’elles. Il consiste à présenter son projet sur une plateforme internet comme La Ruche ou Ulule et à solliciter la contribution des citoyens.

PME MTL a lancé en avril 2022 un fonds d’appariement d’obligations communautaires. Les entreprises d’économie sociale peuvent émettre des obligations et PME MTL acceptera de financer un montant qui pourrait être égal à celui recueilli par l’organisme.

« Il y a plusieurs voies pour financer une entreprise d’économie sociale, donc les porteurs de projets à Montréal devraient contacter PME MTL, conclut Jean-François Lalonde. C’est vraiment la porte d’entrée vers tout l’écosystème du financement de l’entrepreneuriat social. »

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