Développement durable : mythes et réalités

Parole d’expert | 20 avril 2022

Même si le développement durable s’impose, il reste encore des barrières à briser pour accentuer le passage à l’action au sein des entreprises. Voici trois mythes à déboulonner pour mieux progresser dans cette voie.

Mythe no 1 : Être durable ne rime pas avec être rentable

« Les deux peuvent se conjuguer, affirme sans ambages Melissa Stoia, directrice Développement durable et économie circulaire et coordonnatrice à Synergie Montréal. Une stratégie d’affaires basée sur le développement durable entraîne de nombreux gains : des produits de plus grande qualité, fiables et à plus grande valeur ajoutée qui permettent à l’entreprise de se démarquer de la concurrence. »

Greensolv en est un bel exemple. La PME de Pointe-Claire a conçu des barils de trempage pour le décapage de pièces de véhicules à moteur qui utilise une solution à faible impact écologique au contraire de son principal concurrent américain reconnu pour la grande nocivité de son produit décapant. En plus, ses barils de trempage permettent de traiter 10 fois plus de pièces à la fois, un avantage qui compense largement le coût plus élevé — plus du double — des barils de Greensolv comparativement à ceux de son compétiteur. Une telle approche a permis à la PME d’enregistrer une forte croissance de son chiffre d’affaires. Comme quoi avoir une préoccupation environnementale, c’est payant !

Une autre bonne raison de se lancer est qu’il est plus facile aujourd’hui d’obtenir du soutien financier. « Il existe de nombreux produits financiers qui s'adressent spécifiquement aux pratiques écoresponsables, que ce soit sous forme de prêt, de subvention et même de capital de risque. Le manque de financement n’est plus une raison », soutient Melissa Stoia.

Il est toujours temps d’agir que l’entreprise soit en démarrage ou bien établie. Dans ce dernier cas, il sera évidemment plus difficile — mais pas impossible — de revisiter ses pratiques que d’adopter dès le départ des méthodes de fabrication ou des processus écoresponsables.

« La protection de l’environnement fait partie des valeurs importantes aux yeux des jeunes générations. Prendre le virage rend l’entreprise plus attractive », rappelle Mme Stoia. Dans le contexte de la pénurie de main-d’œuvre, c’est un autre bon argument pour aller de l’avant.

Mythe no 2 : Le développement durable, c’est juste un aparté

En réalité, il est plutôt un moteur d’innovation quand il est au cœur des activités de l’entreprise. Maçonnerie Gratton le prouve bien. Son dirigeant, Tommy Bouillon, a mis le DD au centre de ses préoccupations afin de récupérer les vieilles briques et préserver la santé de ses maçons. Avec des partenaires dont PME MTL, il a mis au point un appareil mobile qui nettoie les briques et les remet à neuf. Elles peuvent ainsi être réutilisées lors de travaux de maçonnerie. La machine rend la tâche de nettoyage plus efficace et surtout plus sécuritaire pour ses employés. L’entreprise y a gagné autant sur le plan du rendement que du côté environnemental puisque cette activité produit beaucoup moins de déchets. C’est sans parler du potentiel de commercialisation de son innovation qui s’annonce profitable.

« Il faut éviter les mesures cosmétiques, affirme Melissa Stoia. Le plan de développement durable doit être intégré à la planification stratégique de l’entreprise. Cela oblige parfois à changer son angle d’attaque pour se demander où on peut avoir le plus grand impact. Prendre le virage peut se faire par étape dans un parcours de changement et il est possible de se faire accompagner. »

Mythe no 3 : J’offre des services, ça ne s’applique pas à moi

Le DD ne s’applique pas qu’aux manufacturiers de produits. En tant qu’entreprise de services, vous êtes en mesure de choisir des équipements écoresponsables, d’éliminer les déchets à la source et d’influencer votre clientèle.

« Comme fournisseur, il est possible de guider ses clients vers des choix plus durables et ainsi devenir un vecteur de changement, explique Melissa Stoia. Un bon exemple, ce sont les firmes d’architectes qui conseillent les donneurs d’ordre au sujet des différentes certifications LEED, BOMA BEST, WELL ou autres, qui sont des sceaux de référence en matière de bâtiments durables. »

Il y a aussi des organisations qui se sont donné comme mission d’aider les entreprises à prendre le virage du DD. Ainsi, la coopérative de solidarité Retournzy offre aux restaurateurs et aux traiteurs de même qu’aux institutions d’utiliser des contenants réutilisables plutôt que jetables. Quant à l’Espace de concertation sur les pratiques d'approvisionnement responsable (ECPAR), il offre outils et accompagnement pour favoriser l’achat responsable et le développement durable sur les chaînes d’approvisionnement.

« Les entreprises de service ont un énorme potentiel d’influence, il faut qu’elles s’en servent », conclut Melissa Stoia.

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Pour en savoir plus, consultez le dossier développement durable.

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